Il sera finalement jugé le 26 juillet. Le jeune homme a fauché Léo, huit ans, en tentant d’échapper à la police alors qu’il se livrait à un rodéo à moto à Beauvais, le 28 mai. Un problème d’assurance explique le renvoi de l’affaire, selon la défense.
Il est laissé libre et son procès est reporté. L’individu qui a violemment percuté à moto un enfant de huit ans, le 28 mai à Beauvais, devait être jugé en comparution immédiate le 31 mai pour «blessures involontaires avec incapacité n’excédant pas trois mois par conducteur de véhicule» et «violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence». L’avocat du prévenu et le parquet ont pourtant annoncé d’un commun accord que le procès serait repoussé au 26 juillet.
L’affaire semblait pourtant claire. Alors qu’il se livrait avec un comparse à un rodéo urbain dans les rues de Beauvais, le prévenu, âgé de 20 ans, a aperçu une voiture de police. Tentant d’échapper au contrôle des forces de l’ordre, il a alors dirigé son moto-cross sur un trottoir, fauchant Léo, huit ans, et le traînant sur huit mètres. L’enfant souffre de plusieurs brûlures aux jambes (la trace du pneu de la moto est visible sur sa cuisse), de deux fractures crâniennes et d’un saignement cérébral.
«Ça a été l’horreur. Du sang… Il ne nous répondait plus. Il émettait seulement des sons avec sa gorge, mais les paupières ne s’ouvraient plus. II a eu une perte de connaissance estimée entre cinq et dix minutes», a témoigné la mère de la victime devant les caméras de TF1.
Si ses jours ne sont pas en danger, il pourrait conserver de graves séquelles de son accident.
Hospitalisé, le petit garçon s’est vu délivrer 30 jours d’incapacité totale de travail (ITT), «sous réserve de complications ultérieures», souligne Caroline Tharot, procureur de la République de Beauvais, dans un communiqué. «Je me suis rapproché du directeur de l’hôpital [de Beauvais] et l’enfant a depuis été transféré à Amiens pour des problématiques d’ordre neurologique», détaille Franck Pia, maire de Beauvais.
Le père de l’enfant a maintenu au sol le suspect
Le prévenu a été «maintenu sur les lieux par le père» de l’enfant blessé en attendant l’arrivée de la police, a précisé Caroline Tharot. «Le réflexe que j’ai eu, c’est d’aller donner des coups de pied dans la gueule de l’enc… qui a renversé mon fils […] On a envie de tuer à ce moment-là», s’est étranglé le père de Léo, interrogé par BFMTV. Mais son épouse l’a ramené à la raison et il s’est contenté de maintenir le chauffard au sol jusqu’à son interpellation.
Ce dernier a été aussitôt placé en garde à vue et a reconnu les faits, présentant ses excuses à la famille et à la jeune victime. Il a été placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement en comparution immédiate le 31 mai pour «blessures involontaires avec incapacité n’excédant pas trois mois par conducteur de véhicule terrestre à moteur et violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence». D’autres délits lui étaient reprochés, notamment des faits de «rébellion» pour s’être débattu lors de son interpellation et la circulation «sans assurance».
Procès reporté «pour garantir le préjudice de la jeune victime»
C’est ce dernier point qui lui a valu de voir son jugement différé après accord entre les parties. «Mon client circulait sur une moto non homologuée. Aujourd’hui, le dossier ne pouvait pas être traité, puisqu’il y a eu un défaut de mise en cause du fonds de garantie», a expliqué au tribunal Me Domitille Risbourg, avocate du prévenu. «C’est pour garantir le préjudice de la jeune victime, dont les parents vont sûrement demander une réparation financière», que le jugement est reporté, a-t-elle ajouté.
Le parquet s’est rangé à ses arguments et Caroline Tharot, procureur de la République, a requis le maintien du contrôle judiciaire, «l’interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur» et «l’interdiction de paraître dans le quartier Argentine» ainsi qu’une «interdiction de contact avec la partie civile». Le tribunal de Beauvais a donné droit à ses requêtes et le prévenu – qui n’a pas d’antécédents judiciaires – a été laissé libre, mais devra «se présenter au commissariat de police de Beauvais une fois par semaine». Le tribunal a ordonné le renvoi de l’affaire au 26 juillet prochain.
Alors que les pompiers portaient secours à l’enfant, leur camion était caillassé
Le 29 mai, Franck Pia, maire de Beauvais, avait réagi à cette tragédie sur les réseaux sociaux : il s’était dit «ulcéré par de tels comportements irresponsables, qui mettent des vies en danger» et avait fustigé un «rodéo sauvage» qui avait fait «basculer une famille dans l’horreur». Des équipées à moto auxquelles les habitants sont tristement habitués, si l’on en croit les témoignages recueillis par France Info. «Il y en a qui s’amusent à passer le virage en faisant des dérapages», indique ainsi un Beauvaisien.
Les délinquants se livrant à ces pratiques ne semblaient en tout cas pas émus par le drame de Léo. Alors que ce dernier était pris en charge par les pompiers, ces jeunes ont caillassé leur camion. «Ils arrivaient par 10, par 20. Il y avait 50 à 60 gamins qui jetaient des cailloux, qui insultaient. C’était d’une rare violence», a témoigné un riverain au micro de BFMTV.
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