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L’entrée de l’Ukraine dans l’UE «ne satisfait pas aux critères», objecte Budapest

La Hongrie s'est fermement opposée aux recommandations de la Commission européenne en faveur d'une intégration de l'Ukraine, arguant que Kiev ne remplissait pas les conditions nécessaires pour rejoindre les 27.

«L’Ukraine ne remplit pas les critères indispensables. Elle n’y répondait pas avant le début du conflit et ne s’en approche pas davantage maintenant», a estimé le 9 novembre le chef du cabinet du Premier ministre hongrois Gergely Gulyás lors d’un point presse diffusé sur la chaîne nationale M1.

Il répondait à la déclaration faite la veille par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, en faveur d’un nouvel élargissement de l’Union. Elle proposait alors d’engager des négociations d’intégration avec la Bosnie-Herzégovine, la Moldavie et l’Ukraine et d’accorder à la Géorgie le statut de candidat. La diplomate revenait d’un déplacement à Kiev où elle avait félicité Zelensky pour les «excellents progrès» de son gouvernement sur la voie des réformes et s’était dite «confiante» dans le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Un avis que Budapest est loin de partager.

Corruption et droits de la minorité hongroise

«Nous devons admettre que l’Ukraine est totalement corrompue et n’est pas encore assez mûre pour devenir membre de l’Union européenne», a déclaré Gulyás, indiquant partager l’avis sur ce point de Jean-Claude Juncker, le prédécesseur d’Ursula Von der Leyen de 2014 à 2019. Le 6 octobre dernier dans une interview au journal allemand Augsburger Allgemeine, ce dernier se disait «très en colère contre certaines voix en Europe» disant aux Ukrainiens «qu’ils peuvent devenir membres immédiatement». «Quiconque a eu affaire à l’Ukraine sait que c’est un pays corrompu à tous les niveaux de la société. Malgré les efforts déployés, il n’est pas éligible et nécessite des processus de réforme interne massifs» a-t-il ajouté, avant de conclure : «Nous avons eu de mauvaises expériences avec certains soi-disant nouveaux membres, par exemple en matière d’État de droit».

Le chef du cabinet du Premier ministre hongrois a de surcroît souligné que l’Ukraine ne respectait pas les droits des minorités, et en particulier ceux des Hongrois ethniques de Transcarpatie. La vice-Premier ministre d’Ukraine chargée de l’intégration euro-atlantique, Olga Stéfanichina, avait pourtant assuré le 8 novembre avoir transmis une «feuille de route» à Budapest, suite à la menace des Hongrois de bloquer le processus d’adhésion tant que ses exigences en matière linguistique et scolaire ne seraient pas satisfaites. Stéfanichina a par ailleurs indiqué que Kiev maintenait avec la minorité hongroise un dialogue permanent.

Elle avait insisté sur l’importance pour Kiev d’éviter que le rapport de la Commission européenne ne comporte une «trace hongroise», et qu’il demeure «impartial»; enfin, lors d’une conférence de presse le 9 novembre, la ministre s’est dite «certaine» qu’une «compréhension politique mutuelle» serait atteinte. Une position que Budapest est loin de partager.

Avec l’Ukraine, l’UE amènerait la guerre

Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto avait quant à lui affirmé dès l’annonce des recommandations de la Commission le 8 novembre qu’un «élargissement était censé répandre la paix et non amener la guerre» au sein de l’UE. Malgré les garanties de Stéfanichina, lui aussi a insisté sur la nécessité de rétablir les droits de la minorité hongroise en Transcarpatie tels qu’ils l’étaient en 2015.

«Il faut reconsidérer la politique européenne ainsi que les relations avec l’Ukraine», lui emboitait le pas Gulyás le lendemain, précisant que «d’autres membres de l’Union partageaient cette opinion». Enfin, Gulyás a signifié que la Hongrie n’était pas favorable aux corrections prévues du budget pour 2024-2027, prévoyant d’allouer 50 milliards d’euros d’aide supplémentaire à l’Ukraine.

Bien que membre de l’Union européenne, la Hongrie s’est tenue en retrait de la vindicte occidentale vis-à-vis de la Russie, approuvant les sanctions de l’UE mais maintenant un dialogue avec Moscou. Cette position a été réaffirmée le 17 octobre dernier, lors de la rencontre des chefs d’Etat hongrois et russe à Pékin. Admettant que rencontrer ce dernier n’était pas chose aisée, Victor Orban avait déclaré que «la Hongrie n'[avait] pas voulu s’opposer à la Russie. L’objectif de la Hongrie est toujours de coopérer, c’est ce que nous avons fait».

Orban se dit «fier» de «garder ouverte» la communication avec Moscou

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