Dans le cadre de son programme d'«aides anti-crise», le gouvernement espagnol a fait savoir que les taxes qu'il a mises en place dans les secteurs de l’énergie et de la banque lui ont d'ores et déjà rapporté près d'un milliard et demi d'euros.
Ainsi que l’a relevé le média en ligne Euractiv, la ministre espagnole des Finances, María Jesús Montero, s’est félicitée le 21 février de la collecte par son gouvernement de près d’un milliard et demi d’euros grâce à la mise en place d’un impôt exceptionnel pour les entreprises des secteurs de l’énergie et de la banque.
Dans les détails, Euractiv rapporte que la taxe extraordinaire concernant les grands groupes énergétiques a en effet permis de récupérer 817,4 millions d’euros, tandis que l’impôt sur le secteur bancaire a de son côté rapporté un peu plus de 637 millions d’euros. Les deux taxes sont «tout à fait raisonnables» pour ces deux secteurs qui ont réalisé des bénéfices de plusieurs milliards en 2022, a plaidé María Jesús Montero. Selon elle, ces deux taxes exceptionnelles ne peuvent pas être «considérés comme confiscatoires», mais «proportionnées».
Il est maintenant temps de se serrer les coudes
Le ministère a assuré que la collecte annuelle des deux taxes temporaires, applicables en 2023 et 2024, devrait dépasser 2,9 milliards d’euros au total.
La ministre espagnole a souligné que, bien qu’ils soient appelés à «faire un petit effort et contribuer à aider les citoyens», les deux secteurs en question bénéficiaient du «soutien clair du gouvernement». Elle a également fait valoir que Madrid avait par le passé sauvé de nombreuses banques espagnoles, notamment lors de la crise financière de 2008. «Il est maintenant temps […] de se serrer les coudes», a-t-elle souligné.
Vers la riposte des grandes entreprises concernées ?
Toujours selon Euractiv, afin de s’opposer à l’impôt exceptionnel auquel sont assujettis les groupes de son secteur, l’association des grandes entreprises espagnoles du secteur de l’électricité (Aelec) étudierait tous les arguments juridiques disponibles en vue de les présenter prochainement au niveau de l’UE.
Et l’association espagnole des patrons du secteur bancaire a pour sa part récemment annoncé qu’elle ferait appel de la décision d’imposer une taxe extraordinaire au secteur. Euractiv précise que les grandes entreprises concernées avaient jusqu’au 20 février pour s’acquitter de la première tranche de deux taxes de plusieurs milliards d’euros approuvées en 2022 par Madrid avec l’objectif de «pallier les effets de l’inflation sur les consommateurs vulnérables».
Pour rappel, cette imposition extraordinaire s’inscrit dans un programme d’«aides anti-crise» développé par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Le programme en question comprend également la suppression de la TVA sur certains produits. L’objectif affiché par Madrid est de faire face à une inflation galopante qui s’explique en grande partie par la crise énergétique actuelle – crise accentuée par les mesures européennes prises dans le but de réduire la dépendance énergétique de l’UE à la Russie en réponse à son intervention militaire en Ukraine.
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