Selon l’Observatoire de l’éthique publique, le coût annuel de l'équipe d'Elisabeth Borne s’élève à 174 millions d’euros, contre 160 millions pour celui de son prédécesseur Jean Castex, déjà critiqué pour une nette augmentation des dépenses.
L’addition présentée par L’Opinion semble salée pour un gouvernement dont le ministre de l’Economie a récemment affirmé que la France «est à l’euro près». Selon les calculs de l’ancien député socialiste de l’Aisne René Dosière, désormais président de l’Observatoire de l’éthique publique, le gouvernement d’Elisabeth Borne se révélerait en effet être le plus cher des 43 gouvernements qui se sont succédés depuis 1958, avec un coût de 174 millions d’euros par an pour le contribuable.
Ce montant permet à l’équipe installée en juillet après un remaniement de ravir au gouvernement de Jean Castex le titre de «gouvernement le plus cher de la Ve République», relève le quotidien, avec une progression de 4,3% par rapport aux 160 millions d’euros de dépenses engagées pour les ministres et conseillers de l’ancien Premier ministre. Spécialisé dans les finances publiques, René Dosière a décortiqué un document budgétaire consacré aux «personnels affectés dans les cabinets ministériels», paru le 1er août, qu’il a ensuite actualisé mi-octobre.
Parmi les explications à cette dérive inflationniste, l’ancien député souligne que le gouvernement d’Elisabeth Borne compte 42 membres en incluant la Premier ministre, ce qui le classe parmi les dix plus nombreux de la Ve République. Par ailleurs, le nombre de conseillers ministériels est passé de 559 à 565 entre les équipes Castex et Borne.
8 500 euros de rémunération mensuelle moyenne dans les cabinets ministériels
Le président de l’Observatoire de l’éthique publique a d’ailleurs critiqué le niveau élevé de la rémunération des conseillers ministériels, ainsi qu’un manque de transparence. Selon son analyse, la rémunération mensuelle moyenne d’un membre de cabinet ministériel est passée de 8 225 euros bruts en 2021 à 8 495 euros en 2022 (+3,3%). Elle a en revanche diminué au sein du cabinet d’Elisabeth Borne, avec 9 979 euros bruts contre 10 282 euros l’an dernier dans le cabinet de son prédécesseur, d’après ce rapport. A noter, une pointe au sein du ministère de la Santé, qui rétribue les fonctionnaires membres du cabinet à hauteur de 11 556 euros en moyenne.
A propos de rémunérations qu’il juge «élevées», René Dosière déplore la «distribution opaque» de certaines primes, dont les «indemnités de sujétions particulières», anciennement appelées «primes de cabinet», qui sont attribuées aux conseillers issus de l’administration sur décision du ministre. Selon l’ancien député, «environ 20% des conseillers sont mieux payés que leur ministre», ce qu’il qualifie de «situation pour le moins curieuse qui n’existe plus à l’Elysée». Cela peut s’expliquer par la décision prise en 2012 par François Hollande de réduire la rémunération des ministres de 30%, ce qui a ramené le salaire d’un ministre à 10 500 euros bruts et celui d’un secrétaire d’Etat à 10 000 euros.
La rémunération des conseillers n’est cependant pas le plus important poste de dépenses, puisqu’il pèse pour environ 60 millions d’euros du total de 174 millions d’euros : la rémunération des 2 257 personnels «support» (officiers de sécurité, huissiers, secrétaires, chauffeurs…) s’élève à environ 102 millions d’euros. Les dépenses liées aux ministres eux-mêmes s’élèvent à 12,5 millions d’euros, comprenant à la fois leur traitement et leurs frais de représentation.
Comme le constate Challenges à propos de ces dépenses, «la tendance à la hausse est nette», mais reste moindre que «la forte augmentation (+26%) déjà enregistrée lors du passage de témoin entre Edouard Philippe et Jean Castex» en 2020. Loin des promesses de campagne d’Emmanuel Macron en 2017 sur une équipe gouvernementale resserrée, le nombre de ministres et secrétaires d’Etat était alors passé de 34 à 42 et celui des conseillers ministériels de 324 à 559.
Bruno Le Maire affirme que la France est à «l’euro près» et s’attire de vives critiques