France

Interdiction du burkini sur les plages : le Conseil d’Etat invalide un nouvel arrêté

L'arrêté anti-burkini de la ville de Mandelieu-la-Napoule a été suspendu par le Conseil d’Etat le 18 juillet. Avec les beaux jours, c’est le retour d’une polémique récurrente sur cette tenue d’inspiration islamique.

La lutte contre le burkini prend l’eau. A Mandelieu-la-Napoule, commune d’une vingtaine de milliers d’habitants située dans les Alpes-Maritimes, l’arrêté interdisant de porter le maillot de bain d’inspiration islamique, dit «burkini», du maire Sébastien Leroy (Les Républicains) a été suspendu par le Conseil d’Etat.

Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, lors de la séance du conseil municipal de mai 2022 ayant débouché sur l'adoption du règlement controversé sur le burkini (image d'illustration).

Le Conseil d’Etat confirme l’interdiction du burkini dans les piscines municipales

L’interdiction réglementaire visait les tenues non respectueuses des règles d’hygiène et de sécurité des baignades. Le tribunal administratif de Nice avait confirmé le bon droit de ce texte mais, le 17 juillet, la plus haute juridiction administrative l’a finalement suspendu après un référé de l’association la Ligue des droits de l’Homme. La bataille judiciaire est relancée et le débat sur la laïcité pourrait encore s’inviter sur les plages.

Le maire fustige une décision «parisienne»

Le maire de Mandelieu-la-Napoule a réagi dans un communiqué dans lequel il fustige une «décision “parisienne”» qui «témoigne d’une déconnexion totale avec la réalité du terrain». Et d’exhorter à ce que les «valeurs de la République soient défendues par le législateur». Lors d’une interview, l’édile mandolocien s’en est également pris à la Ligue des droits de l’Homme, qu’il accuse de «devenir l’instrument de l’islam radical en France».

Dans son combat contre le burkini, le maire a reçu le soutien d’élus du Rassemblement national, parmi lesquels le député de la 8e circonscription des Alpes-Maritimes Lionel Tivoli, mais aussi du député de l’Ain Jérôme Buisson. Des responsables locaux du parti d’Eric Zemmour, très impliqués dans ces questions identitaires, ont également soutenu le maire. Les Républicains se sont montrés plus discrets.

Une polémique qui peine à redémarrer

Sur la chaîne CNews, le 18 juillet, la journaliste du Figaro Eugénie Bastié dénonçait ce maillot de bain, «symbole de soumission de la femme». Une prise de parole qui rappelle les étés précédents lors desquels le sujet du burkini a vu s’opposer deux conceptions de la laïcité, l’une reposant sur la liberté de porter le vêtement de son choix et l’autre estimant que le port de ces tenues relevait de la soumission à un homme ou à Dieu.

En plein milieu de l’été, la polémique qui revient tous les ans ne semble pas autant attirer l’attention qu’auparavant. Le Conseil d’Etat semble expliquer en partie pourquoi dans son arrêt en rappelant que les derniers incidents en la matière s’inscrivaient alors dans «le contexte général de menace terroriste».

Dans cette polémique qui peine à prendre de l’épaisseur, c’est la Ligue des droits de l’Homme qui semble tirer son épingle du jeu. Début juillet déjà, elle avait fait annuler une ordonnance du tribunal administratif de Nice qui rejetait la demande de suspension d’exécution d’un arrêté analogue et fait condamner la commune à lui rembourser 3 000 euros de frais d’avocat.

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