Des frappes américaines en Irak ont tué ce 22 novembre au moins cinq combattants d'un groupe pro-Iran, nouvelle escalade dans un contexte de tensions régionales accrues depuis le début de la guerre à Gaza. Le gouvernement irakien a condamné ces frappes, y voyant une «violation flagrante de la souveraineté» du pays.
«Cinq membres des Brigades du Hezbollah ont été tués par un bombardement aérien sur le secteur de Jurf al-Sakhr», a indiqué ce 22 novembre à l’AFP un responsable au sein des services de sécurité irakiens, s’exprimant sous couvert d’anonymat. Un responsable du Hachd al-Chaabi a fait état de «cinq morts et quatre blessés» parmi les combattants.
Fournissant pour sa part un bilan de sept blessés, un troisième responsable, du ministère de l’Intérieur, a confirmé «une frappe contre des sites des Brigades du Hezbollah, à Jurf al-Sakhr», à une soixantaine de kilomètres au sud de Bagdad.
Ces bombardements américains ont été menés «à l’insu des agences gouvernementales irakiennes», a précisé un communiqué du porte-parole du gouvernement, Bassem al-Awadi. En allusion aux groupes pro-Iran, le texte condamne «toute activité armée menée hors du cadre institutionnel de l’armée» et considère de telles actions comme «un acte condamnable et illégal».
Plus tôt, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) avait annoncé avoir mené des «frappes de précision» sur deux sites en Irak, en représailles aux récentes attaques de groupes pro-Iran contre les troupes américaines et les forces de la coalition internationale antidjihadistes, en Irak et en Syrie.
Le 21 novembre déjà, un bombardement dans la région d’Abou Ghraib près de Bagdad avait visé un véhicule du Hachd al-Chaabi, puissante coalition d’ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières, faisant un mort et plusieurs blessés, Washington revendiquant une frappe aérienne «d’auto-défense».
En représailles aux attaques contre les forces américaines, Washington a bombardé à trois reprises en Syrie des sites qu’il juge liés à l’Iran. Les Etats-Unis ont aussi adopté des sanctions contre sept personnes affiliées à deux groupes armés irakiens pro-iraniens, dont les Brigades du Hezbollah.
Huit blessés américains le 20 novembre
La frappe américaine du 21 novembre dans la région d’Abou Ghraib avait été menée en riposte à l’attaque la veille d’un «missile balistique à courte portée» sur la base irakienne d’Aïn al-Assad, où sont stationnées des troupes américaines et de la coalition internationale, selon le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder.
L’attaque sur Aïn al-Assad a fait huit blessés et quelques dégâts légers sur la base, selon le porte-parole.
Le nombre d’attaques visant les forces américaines et la coalition internationale antidjihadistes en Irak et en Syrie a bondi depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Washington a recensé 66 attaques menées avec des tirs de roquettes ou des frappes de drones depuis le 17 octobre, dix jours après le début de la guerre, selon le Pentagone. Les attaques ont fait une soixantaine de blessés parmi les effectifs américains, selon la même source.
Les Etats-Unis comptent près de 2 500 soldats en Irak et environ 900 soldats occupant illégalement des pans de la Syrie.
«Agressions américaines»
Hadi al-Ameri, un haut commandant du Hachd qui dirige l’influente organisation Badr, a dénoncé mercredi les «agressions américaines», qualifiant les dernières frappes de «violation flagrante de la souveraineté nationale». Il a réitéré l’appel régulièrement lancé par son camp, réclamant «une sortie immédiate d’Irak des forces américaines et des troupes de la coalition».
Les dernières frappes sont la «preuve» venant démentir «les allégations américaines selon lesquelles leur présence en Irak se limite à “des conseillers et des formateurs”», a-t-il fustigé dans un communiqué.
Ces dernières semaines, la plupart des attaques contre les soldats américains ont été revendiquées par la «Résistance islamique en Irak», nébuleuse proche des groupes armés pro-Iran. Le mouvement a annoncé le 21 novembre qu’un de ses membres avait été tué au combat dans «la bataille» contre les forces américaines en Irak, allusion au bombardement d’Abou Ghraib. Des funérailles se sont tenues le 21 novembre près d’une mosquée de Bagdad pour ce combattant, Fadel al-Maksoussi, en présence de plusieurs centaines de membres du Hachd al-Chaabi, selon un journaliste de l’AFP.
Son cercueil était recouvert d’un drapeau aux couleurs des Brigades du Hezbollah. Ce groupe avait récemment assuré que les attaques de la «Résistance islamique en Irak» faisaient partie d’une «stratégie d’usure».
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