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Ecosse : démission surprise de Nicola Sturgeon, la Premier ministre indépendantiste

Contre toute attente, la Premier ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé sa démission. Au pouvoir depuis huit ans, elle était partisane de l'indépendance. Bien qu'opposé à ses desseins politiques, Londres a salué «une redoutable politicienne».

«Je suis un être humain» : à la surprise générale, la Premier ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé le 15 février sa démission après huit ans au pouvoir, un départ qui porte un coup aux velléités d’indépendance de l’Ecosse.

Ayant fait de celle-ci le combat d’une vie, qu’elle portait avec détermination sans arriver à surmonter l’opposition de Londres, elle a décidé de jeter l’éponge. Visiblement émue, parfois au bord des larmes, la dirigeante de 52 ans a indiqué devant la presse à Edimbourg qu’elle céderait son poste dès que le Parti national écossais (SNP) aurait désigné son successeur.

Une démission qui fait le bonheur de Londres ?

«Ce travail est un privilège, mais aussi très difficile», a-t-elle souligné. 

«J’aurais pu faire quelques mois de plus, peut-être six mois, un an», a-t-elle estimé. «Mais avec le temps j’aurais eu de moins en moins d’énergie pour mon travail et je ne peux le faire qu’à 100%, c’est ce que le pays mérite».

Assurant avoir longuement mûri sa décision, elle a cité les changements dans sa famille et les obsèques d’un proche, la difficulté de pouvoir «prendre un café avec un ami, ou sortir, seule, pour une marche».

Son départ, sans successeur évident – elle s’est refusé à apporter un soutien à qui que ce soit – porte un coup à la cause indépendantiste, dont elle était une figure incontestée, déterminée et appréciée du public, et qu’elle soutenait depuis son adolescence.

Née dans la ville industrielle d’Irvine, au sud-ouest de Glasgow, Nicola Sturgeon a rejoint le SNP à l’âge de 16 ans. Peter Murrell, son mari, est directeur général de ce parti. 

55% des Ecossais avaient voté contre l’indépendance en 2014

Elle a pris la tête du SNP et du gouvernement écossais – devenant la première femme à ce poste – après la démission en 2014 de son prédécesseur Alex Salmond. Les Ecossais avaient alors voté à 55% en faveur d’un maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni.

Elle avait depuis avec patience repris le combat pour l’indépendance, revigoré par le Brexit auquel les Ecossais s’étaient majoritairement opposés. Elle a milité pour l’organisation d’un nouveau vote. Ces dernières années, les sondages, fluctuants, ont penché régulièrement en faveur d’un «oui» à l’indépendance.

Mais le gouvernement britannique y reste fermement opposé, conforté récemment par la Cour suprême, laissant tout projet de référendum dans l’impasse.

Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a sobrement réagi au départ de Nicola Sturgeon en la remerciant pour son «long service» et lui souhaitant «le meilleur pour la suite». Son ministre pour l’Ecosse Alister Jack a salué «une redoutable politicienne» mais appelé Edimbourg à profiter de son départ pour «abandonner son obsession pour l’indépendance, source de division».

Si elle a assuré ne pas avoir pris sa décision en raison des «pressions de court terme», Nicola Sturgeon a été personnellement fragilisée, selon l’AFP, par l’adoption en décembre d’une loi très controversée facilitant la transition dite «de genre», permise dès 16 ans et sans avis médical. 

Londres a indiqué vouloir s’y opposer et la mesure a été critiquée par des féministes, y compris l’auteur à succès de la saga Harry Potter J. K. Rowling, qui vit en Ecosse. Les détracteurs du texte estiment par exemple que des prédateurs sexuels peuvent s’en servir pour accéder à des lieux réservés aux femmes.

L’Ecosse facilite la reconnaissance légale du changement de genre, dès 16 ans

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