Les combats se sont poursuivis en Israël pendant la nuit et jusqu'à l'aube contre les groupes du Hamas qui s'étaient introduits sur le territoire israélien. Au lendemain de l'attaque surprise du Hamas, les incertitudes demeurent quant aux citoyens israéliens enlevés. Plus de 200 morts civils et militaires sont déjà dénombrés dans chaque camp.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a averti le 8 octobre les Israéliens qu’ils étaient «embarqués dans une guerre longue et difficile» ayant déjà fait des centaines de morts de part et d’autre, au lendemain d’une offensive spectaculaire du Hamas palestinien lancée à partir de Gaza.
«La première phase est en train de s’achever […] par l’élimination de la grande majorité des forces ennemies qui se sont infiltrées sur notre territoire», a déclaré le chef du gouvernement israélien dans un communiqué avant l’aube, le 8 octobre, à propos de l’offensive du Hamas.
Le siège du commissariat de police de la ville de Sdérot, limitrophe de Gaza, où étaient retranchés des hommes armés du Hamas a pris fin au matin, a annoncé la police dans un communiqué: la police et les forces spéciales de l’armée «ont neutralisé dix terroristes armés qui se trouvaient dans le commissariat».
Tirs du Hezbollah libanais
Pendant la nuit, les frappes aériennes de l’armée se sont poursuivies sur la bande de Gaza, territoire palestinien sous contrôle du Hamas d’où les tirs continuaient sur Israël. Les combats se sont poursuivis au sol entre forces israéliennes et éléments armés de ce mouvement islamiste infiltrés en Israël depuis la veille.
L’armée israélienne a annoncé lavoir frappé à l’aide d’un drone une «infrastructure terroriste du Hezbollah» libanais dans la zone frontière, après que le Hezbollah a dit avoir tiré «un grand nombre d’obus et de missiles guidés» sur le secteur contesté des Fermes de Chebaa.
Une centaine de personnes enlevées selon les médias israéliens
Le Hamas a attaqué le 6 octobre au matin Israël par surprise, tirant des milliers de roquettes depuis la bande de Gaza et infiltrant des centaines de combattants en territoire israélien, où il a aussi capturé un nombre important de civils et militaires. Le site d’information israélien en ligne Ynet avance «une estimation d’une centaine de personnes […] enlevées» alors que les autorités n’avancent encore aucun chiffre. Le porte-parole de l’armée a confirmé que des «soldats et des civils israéliens» avaient été enlevés.
Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé dans une vidéo avoir «capturé plusieurs soldats ennemis» et les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir «de nombreux soldats» israéliens.
Des Israéliens à la recherche de leurs proches introuvables étaient interrogés en boucle sur les radios et les télévisions israéliennes le 7 octobre. Certains expliquaient les avoir vu sur des vidéos d’otages du Hamas à Gaza circulant sur les réseaux sociaux. Les médias énuméraient aussi les noms des Israéliens tués le 6 octobre et identifiés, parmi lesquels des enfants et adolescents.
L’armée israélienne a publié sur un site internet spécial les identités de 26 soldats, hommes et femmes, tués depuis.
Profitant de l’effet de surprise, des combattants du Hamas à bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l’imposante barrière érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.
200 morts israéliens selon Tsahal, 256 à Gaza selon le Hamas
Il s’agit de l’escalade la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies. Les combats ont fait «plus de 200 morts» et «plus de 1.000 blessés» côté israélien, selon l’armée qui a accusé le Hamas d’avoir «massacré des civils» jusque dans leurs maisons.
Dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne mène des dizaines de frappes aériennes en représailles, la Hamas a dénombré 256 morts et 1.788 blessés.
«Ce qui s’est passé aujourd’hui est sans précédent en Israël», a reconnu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une allocution télévisée. «Tous ces endroits où le Hamas se cache (…) nous allons en faire des ruines».
«Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire», a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.
Le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché une opération baptisée «déluge d’Al-Aqsa» contre Israël et avoir tiré plus de «5.000 roquettes» pour «mettre fin à tous les crimes de l’occupation».
L’armée israélienne a pour sa part compté plus de 3.000 tirs. Elle a déclenché l’opération «Sabres de fer» et mené des frappes aériennes sur l’enclave palestinienne, disant avoir détruit plusieurs bâtiments présentés comme des «centres de commandement» du Hamas.
Médecins sans frontières a déclaré qu’une frappe avait touché un hôpital dans l’enclave, causant plusieurs décès. L’ONU a recensé 20.000 déplacés palestiniens dans la bande de Gaza.
Netanyahu a annoncé la suspension des livraisons d’électricité, de nourriture et de biens d’Israël vers ce territoire palestinien soumis à un strict blocus israélien depuis que le Hamas y a pris le contrôle en 2007.
L’Ukraine, l’UE, la Grande-Bretagne et la France ont condamné l’attaque du Hamas, Emmanuel Macron fustigeant «les attaques terroristes du Hamas contre Israël». Le président américain Joe Biden a assuré samedi Israël de son «soutien inébranlable».
La Russie a de son côté appelé les parties à «la retenue» et au retour à la table des négociations, selon les termes employés par le vice-ministre russe des affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères a ensuite appelé «à un cessez-le-feu immédiat». L’Union africaine et la Chine aussi.
Le Hezbollah libanais et l’Ayatollah Khamenei, guide de la révolution iranienne, ont quant à eux soutenu l’opération du Hamas contre Israël.
Cette violente escalade survient cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise, entraînant la mort de 2 600 Israéliens et faisant au moins 9 500 morts et disparus côté arabe en trois semaines de combat.
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