Le gouvernement Netanyahou est toujours sous pression : ce 20 février, une importante manifestation s'est tenue à Jérusalem contre un projet de réforme de la justice que les protestataires estiment dangereux pour la démocratie.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent ce 20 février autour du Parlement israélien à Jérusalem contre un projet de réforme de la justice qu’ils estiment dangereux pour la démocratie, avant un vote sur une partie de cette loi attendu dans la soirée.
Comme la semaine précédente, une marée bleue et blanche de drapeaux israéliens a déferlé sur les jardins et les rues autour de la Knesset dont les accès sont barrés par la police, selon des journalistes de l’AFP sur place. Vers 14h (12h GMT), début annoncé de la manifestation, la foule atteignait 30 000 personnes selon la chaîne 12 de la télévision israélienne.
Marre des corrompus
I’ve been to more demos in Jerusalem than I care to remember but I don’t remember any other protest mobilizing enough people to march around the Knesset in these numbers pic.twitter.com/20SUuBQPy8
— Anshel Pfeffer אנשיל פפר (@AnshelPfeffer) February 20, 2023
Un des organisateurs a indiqué à la presse attendre 100 000 personnes tandis que des milliers d’autres, venus souvent de loin, continuent d’affluer. «Marre des corrompus» ou «Le fascisme ne passera pas», pouvait-on lire sur des bannières brandies par les manifestants, qui scandaient notamment «Israël n’est pas une dictature !» ou encore «Démocratie égal dialogue».
Le projet de réforme de la justice annoncé début janvier par le gouvernement mobilise une forte partie de l’opinion publique contre lui. Selon ses détracteurs, la réforme, en visant à réduire l’influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, met en péril le caractère démocratique de l’Etat d’Israël.
Des figurent de l’opposition vent debout, voix discordantes au sein de la droite
A Tel-Aviv, des manifestations ont lieu tous les samedi soirs, rassemblant des dizaines de milliers de protestataires – signe d’une mobilisation massive à l’échelle de la taille du pays – dénonçant en bloc ce projet mais aussi la politique générale du gouvernement, formé en décembre par Benjamin Netanyahou avec l’aide de partis de droite radicale et ultraorthodoxes juifs.
«C’est la pire crise interne que l’Etat d’Israël ait connu […] nous ne renoncerons pas», a déclaré à l’intérieur du Parlement le chef de l’opposition Yaïr Lapid (centre). «L’Histoire ne vous pardonnera pas et l’Histoire vous jugera», a renchéri l’ancien ministre de la Défense Benny Gantz, autre figure centriste de l’opposition.
Nous sommes face à une épreuve cruciale
Le projet du gouvernement comprend l’introduction d’une clause «dérogatoire» permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême. La réforme propose également des changements dans le processus de nomination des juges de la Cour suprême et la réduction des pouvoirs des conseillers juridiques au sein des ministères.
Pour Benjamin Netanyahou et son ministre de la justice Yariv Levin, le projet de loi est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, jugée politisée par le Premier ministre et ses alliés.
Le 19 février au soir, le président israélien Isaac Herzog – qui joue un rôle essentiellement protocolaire – a fait part de ses inquiétudes sur «ce qui arrive à la société israélienne». «Nous sommes face à une épreuve cruciale. Je vois les divisions et fissures entre nous, qui deviennent de plus en plus profondes et douloureuses», a-t-il regretté. Dans le nord de Tel-Aviv, quelque 4 000 parents d’écoliers ont manifesté avec leurs enfants, rejoints par des membres du corps enseignant.
Des voix de droite se sont également élevées contre cette réforme, notamment l’ancien chef du Shin Beth (sécurité intérieure) Yoram Cohen qui a déclaré sur la radio militaire qu’il était «impossible de changer la nature de l’Etat sur le plan judiciaire sans un accord large».
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