Alors que les manifestations se multiplient contre la projet de réforme judiciaire visant à donner plus de pouvoir aux élus, un ministre de Benjamin Netanyahou envisage une pause d'un mois pour rétablir le dialogue avec le peuple.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a appelé dans la soirée du 26 mars à une pause d’un mois dans le processus de réforme judiciaire voulue par le gouvernement, au moment où des dizaines de milliers d’Israéliens continuent à manifester à Tel-Aviv contre ce projet controversé.
Les manifestations se succèdent chaque semaine depuis la présentation en janvier par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, d’un projet de réforme qui divise Israël.
Tel-Aviv : des interpellations lors d’un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre
Suscitant l’inquiétude dans le pays mais aussi à l’étranger, la réforme vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Selon ses détracteurs, elle met en péril le caractère démocratique de l’Etat d’Israël.
L’opposition apprécie la démarche
Dans un discours du 25 mars, Yoav Galant, pourtant du même parti que Benjamin Netanyahou, le Likoud, a affirmé craindre qu’une poursuite des divisions au sein de la population sur ce dossier engendre une «vraie menace pour la sécurité d’Israël».
«Nous devons arrêter le processus législatif» pendant un mois, a-t-il encore exprimé, avant une semaine cruciale qui devrait être marquée par d’autres dispositions législatives et de nouvelles manifestations de masse.
«Je suis attaché aux valeurs du Likoud […] mais les changements majeurs au niveau national doivent se faire par le biais de la concertation et du dialogue», a-t-il ajouté. Ses propos ont été salués par le chef de l’opposition, Yair Lapid, qui s’est félicité d’un «pas courageux […] pour la sécurité d’Israël».
Deux députés du Likoud ont exprimé sur Twitter leur soutien à Yoav Galant, soulevant ainsi la question de savoir si le gouvernement pourrait compter sur la majorité s’il procède à un vote.
Le ministre de la Défense a appelé dans le même temps à l’arrêt des manifestations, au moment où quelque 200 000 manifestants étaient rassemblés à Tel-Aviv, selon l’estimation des médias israéliens.
A Jérusalem, des milliers de manifestants ont défilé devant la résidence du président Isaac Herzog.
«De plus en plus d’Israéliens se réveillent», a estimé Josh Drill, un porte-parole d’un des mouvements de protestation, dit «des parapluies». «Nous n’allons pas vivre dans une dictature», a déclaré à l’AFP ce jeune de 26 ans.
Londres et Washington s’inquiètent
Les principaux alliés d’Israël, y compris Washington, ont remis en question les projets visant à donner plus de pouvoir aux politiques et à réduire le rôle de la Cour suprême.
Le président américain Joe Biden a exprimé ses «inquiétudes» concernant ces réformes judiciaires, a déclaré le 22 mars la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
Le 24 mars à Londres, où il a reçu Benjamin Netanyahou, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a souligné «l’importance de respecter les valeurs démocratiques qui fondent la relation (entre les deux pays), y compris dans le projet de réforme judiciaire en Israël», selon un porte-parole à Downing Street.
Le Premier ministre israélien et ses alliés de droite radicale et ultra-orthodoxes estiment nécessaire ce projet de réforme pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, qu’ils jugent politisée.
Les députés israéliens devraient se prononcer la semaine prochaine sur un des éléments centraux de la réforme, au cœur des inquiétudes de ses détracteurs, prévoyant le changement dans le processus de nomination des juges.
Benjamin Netanyahou, qui était jusque-là resté en retrait sur ce dossier, s’est engagé dans la soirée du 23 mars dans un discours à «mettre fin à la division au sein du peuple», tout en soulignant sa détermination à faire avancer la réforme.
Le lendemain, il a été rappelé à l’ordre par la justice qui a jugé «illégale» son intervention publique, compte tenu de ses procès en cours pour corruption.
Le texte du projet a été amendé en commission pour en adoucir la teneur en vue de parvenir à un vote plus large, mais sans l’appui de l’opposition qui continue d’exiger «une pause» dans le travail législatif sur la réforme avant toute négociation avec la majorité.
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