Le chef de la police nationale japonaise et un responsable de la police de Nara ont annoncé leur démission, reconnaissant leurs responsabilités dans la protection de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné le 8 juillet lors d'un meeting.
Le chef de la police nationale japonaise, Itaru Nakamura, a annoncé ce 25 août sa démission après la publication des résultats de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe.
«Il y avait des défaillances dans les plans de sécurité et l’évaluation des risques sur lesquels ils étaient basés, et les instructions sur le terrain étaient insuffisantes», a déclaré Itaru Nakamura lors d’une conférence de presse.
«Je pense que le fond du problème est lié aux limites du système actuel, qui est en place depuis des années, et dans lequel la police locale porte seule la responsabilité de la sécurité», a-t-il ajouté.
«Nous avons décidé de réorganiser notre équipe et de repartir sur de nouvelles bases en ce qui concerne nos missions de sécurité, et c’est pourquoi j’ai proposé ma démission», a poursuivi le responsable.
L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse de la police détaillant les conclusions de l’enquête sur les failles de la protection de l’ancien Premier ministre.
Shinzo Abe est mort de ses blessures après avoir été visé par des tirs à l’arme à feu le 8 juillet alors qu’il prononçait un bref discours lors d’un meeting électoral en extérieur à Nara (ouest du Japon).
L’assaillant estime que Shinzo Abe avait des liens avec la «secte Moon»
Tetsuya Yamagami, le suspect arrêté sur les lieux, reprochait à l’ancien dirigeant ses liens supposés avec l’Eglise de l’Unification, un groupe religieux aussi surnommé «secte Moon».
La mère de Tetsuya Yamagami, qui était une fidèle de la secte Moon, aurait ruiné son foyer en donnant dans les années 1990 une somme de 100 millions de yens (environ un million de dollars à l’époque) à cette organisation, selon des propos de l’oncle du suspect rapporté par des médias nippons.
Le suspect ferait selon des médias locaux l’objet d’une évaluation psychiatrique pour déterminer sa responsabilité pénale au moment du crime, sur la base de laquelle les procureurs décideront de l’inculper ou non.
Shinzo Abe, qui détenait le record de longévité au poste de Premier ministre au Japon, était l’homme politique le plus connu de l’Archipel, mais les mesures de sécurité en place lors de son meeting à Nara étaient peu strictes.
Démission également du chef de la police de Nara
Le chef de la police de Nara a aussi annoncé le 25 août sa démission, en pleurs. La police locale, à qui incombait la protection sur place de Shinzo Abe, avait déjà reconnu des failles «indéniables» dans sa sécurité. Selon le rapport de la police nationale présenté le 25 août, des zones situées au sud du podium sur lequel Shinzo Abe se trouvait n’étaient pas correctement gardées, laissant un accès par lequel le tireur a pu s’approcher près de lui. Si du personnel de sécurité avait été disposé à cet endroit, «il est fort probable» que l’attaque «aurait pu être empêchée», conclut ce rapport.
Shinzo Abe a été victime de deux tirs avec une arme artisanale, mais le rapport de police affirme que les agents présents sur les lieux n’ont pas immédiatement réalisé que la première détonation provenait d’une arme à feu, «ce qui a retardé leur intervention pour défendre» l’ancien Premier ministre.
Il est «essentiel» d’améliorer les compétences en matière de sécurité, et la police nationale va «mettre en place une formation de haut niveau et des exercices visant à répondre aux situations d’urgence, notamment en aidant les responsables à mieux discerner les coups de feu et à prendre des mesures d’évacuation immédiates», a annoncé Itaru Nakamura.
La police nationale va davantage s’impliquer dans la protection des personnalités et coopérera avec la police locale dans le renseignement, préconise aussi le rapport. Des obsèques privées de Shinzo Abe ont eu lieu peu après sa mort dans un temple bouddhiste de Tokyo, et le Japon organisera le 27 septembre à Tokyo un hommage national en son honneur, auquel doivent assister des dirigeants du monde entier.
Cette cérémonie se tiendra au Nippon Budokan, haut lieu de compétitions d’arts martiaux, mais aussi de concerts et d’événements officiels. Le Nippon Budokan avait accueilli en 1967 les dernières funérailles nationales organisées pour un ancien Premier ministre japonais, Shigeru Yoshida, grand artisan de la renaissance du Japon dans l’après-guerre.
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