Après 20 ans de législature, le député Jean Lassalle a annoncé ne pas vouloir briguer un nouveau mandat, évoquant des raisons médicales, mais aussi la «situation nationale». Son frère pourrait lui succéder à l'élection législative.
Chantre de la ruralité, deux fois candidat malheureux à l’élection présidentielle, l’atypique député béarnais Jean Lassalle, qui aura 67 ans le 3 mai, a annoncé le 2 mai à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) qu’il ne se représenterait pas aux prochaines législatives.
«C’est avec beaucoup d’émotion que je prends cette décision. La circonscription me manquera beaucoup», a déclaré, visiblement ému, le député Libertés et territoires, élu à l’Assemblée nationale depuis 20 ans, lors d’une conférence de presse à sa permanence.
L’élu a justifié sa décision par la «situation nationale», fustigeant une élection présidentielle «jouée d’avance». «J’ai le sentiment que le pays se disloque sous nos yeux. Les territoires ruraux n’intéressent plus personne, à l’image de ma vallée d’Aspe», a-t-il regretté, prenant comme exemple la RN134, entre Pau et l’Espagne, «carrément délaissée par l’Etat».
Il a également mis en avant ses «impératifs médicaux», expliquant qu’il allait «subir une opération chirurgicale délicate à cœur ouvert dans les prochains jours», sans préciser si cette raison de santé était le motif de sa décision. L’ancien berger béarnais, connu pour ses interventions singulières dans l’hémicycle, a assuré qu’il «n’en avait pas fini avec la politique». «Mais je suis persuadé que je dois mener ma lutte différemment», a-t-il enfin souligné.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle a également évoqué l’enquête pénale ouverte par le parquet de Pau à la suite de la mise en scène publique de son abstention au second tour de l’élection présidentielle, dans un bureau de vote de sa commune de Lourdios-Ichère. «Moi et ma commune avons été déshonorés. Je me battrai corps et âme pour défendre mon honneur», a assuré le député en évoquant ces poursuites pour des «infractions au code électoral concernant les atteintes à la sincérité des scrutins».
Les suffrages de la commune dont il a été le maire pendant 42 ans, ont été annulés par le Conseil Constitutionnel, qui a dit envisager d’«éventuelles poursuites pénales». Pour ce type d’infraction, le code prévoit une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement ainsi que des peines complémentaires comme l’inéligibilité et l’interdiction du droit de vote.
Jean Lassalle, qui avait remporté plus d’un million de voix et 3,13% des suffrages lors du premier tour sous l’étiquette de son mouvement Résistons !, avait mimé devant l’urne au second tour le geste du vote avant de glisser son «bulletin blanc» dans sa poche, se déclarant «abstentionniste devant l’urne».
Le frère de Jean Lassalle comme éventuel successeur à l’élection législative
Concernant les prochaines élections, le député a indiqué qu’il était en discussion avec son frère Julien Lassalle, berger retraité, pour reprendre le flambeau : ce dernier «va prendre sa décision dans les prochains jours». L’ancien élu UDF, qui avait rejoint le Modem de son ancien ami François Bayrou, avant de rompre avec lui et de fonder son mouvement Résistons !, a indiqué «avoir une quinzaine de jeunes autour de lui» auxquels il veut «apprendre ce que c’est de défendre les autres et de les aimer». «J’ai l’espoir de les présenter aux prochaines législatives», a-t-il poursuivi.
Carrure de deuxième ligne de rugby et voix de stentor roulant les «r», Jean Lassalle s’était rendu célèbre en entonnant en 2003 à pleins poumons dans l’hémicycle l’hymne béarnais «Aqueros mountagnos» pour réclamer la présence de gendarmes afin d’assurer la sécurité du tunnel du Somport. Son terroir basco-béarnais toujours chevillé au corps, au point de faire de ses dossiers des histoires personnelles : il avait suivi en 2006 une grève de la faim pendant 39 jours dans la salle des Quatre colonnes de l’Assemblée nationale contre la délocalisation de l’usine d’aluminium japonaise Toyal dans son canton d’Accous.
Lors de la campagne présidentielle, il avait fait de ses bien-aimées campagnes sa «grande cause nationale» en parcourant le pays dans un grand bus à impériale bleu, son deuxième «tour de France», après celui effectué à pied en 2013.
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