Le préfet de police s'est rangé à l'avis de l'IGPN : trois policiers de la Brav-M, enregistrés alors qu'ils menaçaient de jeunes manifestants en mars à Paris, sont renvoyés en conseil de discipline. Quatre autres agents écopent d'un avertissement.
Les policiers de la Brav-M enregistrés en train de menacer de jeunes manifestants en mars dernier à Paris vont être renvoyés en conseil de discipline.
«La préfecture de police confirme suivre les recommandations de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN)», a indiqué la préfecture de police à l’AFP le 5 juin, confirmant une information de BFMTV.
Peu après la révélation dans la presse le 24 mars de cet enregistrement réalisé par l’un des interpellés, le préfet de police, Laurent Nuñez, s’était dit «très choqué», jugeant «inacceptables» ces propos qui, «déontologiquement», posaient des problèmes «très graves».
La patronne de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, s’était déclarée «comme citoyenne, terriblement choquée» et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé qu’il y aurait «évidemment» des sanctions contre les policiers.
Dans les conclusions de son enquête administrative rendue début mai, la «police des polices» avait reproché aux fonctionnaires un ou plusieurs manquements, dont le devoir d’exemplarité, l’obligation de courtoisie à l’égard du public, l’atteinte au crédit de la police nationale et le devoir de protection de la personne interpellée.
L’avertissement est une sanction disciplinaire du premier groupe, la plus basse de la fonction publique, et ne fait l’objet d’aucune mention dans le dossier de l’agent.
Devant un conseil de discipline, les policiers encourent potentiellement des sanctions plus lourdes, de l’exclusion temporaire d’un jour jusqu’à la révocation, beaucoup plus rare.
Les policiers plaident la fatigue physique et morale
Dans la nuit du 20 au 21 mars, des membres de la Brav-M (Brigade de répression des actions violentes motorisée) avaient interpellé sept jeunes manifestants, soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations dans un cortège sauvage dans le centre de Paris. L’un des interpellés avait alors discrètement enregistré les échanges avec les policiers.
«La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital», menace notamment un policier envers un étudiant tchadien, Souleyman Adoum Souleyman, particulièrement visé par les fonctionnaires dans l’enregistrement. Dans sa plainte, ce dernier a rapporté qu’un policier l’avait «attrapé par le sexe» et l’avait insulté en lui lançant : «T’as même pas de couilles.»
Dans des rapports à leur hiérarchie des agents de la Brav-M intervenus le soir des faits, obtenus par l’AFP, ceux-ci ont plaidé «la fatigue physique et morale». Un brigadier avait décrit ainsi «des vacations de 14 heures, voire 16 heures» durant lesquelles, avait-il dit, «nos besoins fondamentaux et vitaux n’ont pas été respectés, s’hydrater et se restaurer était très compliqué». Une enquête judiciaire, également confiée à l’IGPN, est toujours en cours dans cette affaire.
Réclamé par plusieurs députés de La France insoumise (LFI), le démantèlement de la Brav-M, mise en cause récemment dans plusieurs affaires de violences policières, n’a jamais été envisagé par le préfet de police. «Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l’opprobre sur toute une unité qui, ces dernières années, et singulièrement en ce moment, prouve toute son utilité», avait-il estimé.
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