Le président américain a présenté les contours d'une présence militaire renforcée des troupes étatsuniennes en Europe. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a indiqué ne pas être impressionné par l'annonce, sans exclure de réagir.
Les Etats-Unis vont «renforcer leur positionnement militaire en Europe» afin que l’OTAN puisse «répondre à des menaces venant de toutes les directions», a déclaré le 29 juin à Madrid le président américain Joe Biden, sans donner un chiffre sur le nombre de soldats concernés. Lors d’un sommet de l’Alliance militaire «qui marque l’Histoire», selon lui, il a annoncé une présence renforcée de militaires et de capacités américaines en Espagne, en Pologne, en Roumanie, dans les Etats baltes, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie. Ni la Maison Blanche ni le Pentagone n’ont toutefois voulu indiquer précisément, lors de la courte conférence de presse, le nombre précis de militaires américains supplémentaires qui s’apprêtent à être déployés.
«Nous sommes au rendez-vous» et «nous prouvons que l’OTAN est plus nécessaire que jamais», a déclaré le président américain aux côtés du secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg. Il a rappelé que les Etats-Unis avaient déjà déployé cette année «20 000 militaires supplémentaires en Europe pour renforcer nos lignes en réponse aux initiatives agressives de la Russie», ce qui a déjà porté à plus de 100 000 le nombre d’Américains stationnés sur le continent.
Mais il n’a pas précisé ce que les renforts annoncés représenteraient globalement en termes d’effectifs, même si le détail a été communiqué par Washington pour l’Allemagne (625 militaires) et l’Italie (65). Joe Biden a aussi annoncé que les Etats-Unis porteraient de quatre à six le nombre de leurs destroyers sur la base navale de Rota en Espagne.
De surcroît, les Etats-Unis établiront en Pologne «un quartier général permanent du 5e corps d’armée». Il s’agirait, a précisé le Pentagone, de la première présence américaine permanente sur le «flanc oriental» de l’OTAN. Une responsable du ministère américain de la Défense, Celeste Wallander, a affirmé que cette annonce, ainsi que toutes les autres, était compatible avec un accord signé en 1997 entre l’OTAN et la Russie, par lequel l’alliance occidentale s’engageait à ne pas augmenter de manière significative le nombre d’unités combattantes stationnées de manière permanente en Europe centrale et de l’Est.
«Nous allons maintenir une brigade supplémentaire» qui sera basée en Roumanie, a également déclaré Joe Biden, évoquant le chiffre de 3 000 combattants et de 2 000 autres personnels militaires. Il a également annoncé des «déploiements supplémentaires dans les Etats baltes», le Pentagone précisant que cela concernerait aussi bien l’artillerie, l’aviation, la défense anti-aérienne que la présence de troupes d’élite. Aux portes de la Russie, les Etats-Unis promettent aussi «d’intensifier les exercices» avec leurs alliés baltes, selon un communiqué du Pentagone.
Otanisation de l’Europe
Joe Biden a encore indiqué que Washington allait envoyer deux escadrilles supplémentaires d’avions de combat F-35 au Royaume-Uni, sur la base de Lakenheath dans l’ouest du pays, et «positionner des capacités supplémentaires de défense aérienne» en Allemagne et en Italie.
Selon le président américain, son homologue russe Vladimir Poutine «voulait une “finlandisation” de l’Europe», c’est-à-dire une évolution des pays membres de l’Alliance vers la position de neutralité qui a été historiquement celle du pays nordique, mais il obtient au contraire une «”Otanisation” de l’Europe», s’est félicité Joe Biden. La Finlande, historiquement non-alignée, ainsi que la Suède s’apprêtent en effet à rejoindre l’OTAN, après la levée du veto de la Turquie intervenue le 28 juin en échange de concessions sur les militants kurdes.
Moscou dit ne pas être «intimidée» par le renforcement militaire américain
Le Pentagone a précisé dépenser 3,8 milliards de dollars au titre de l’«initiative de dissuasion en Europe» pour l’année budgétaire 2022, et prévoit une enveloppe de 4,2 milliards de dollars pour l’exercice 2023. La Russie a fait savoir qu’elle n’était aucunement «intimidée» par les annonces américaines. «Ceux qui proposent de telles décisions ont l’illusion que la Russie pourra être intimidée, en quelque sorte contenue : ils n’y parviendront pas», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, ajoutant que ces efforts ne déboucheront sur «aucun résultat», ou du moins «pas les résultats qu’ils escomptent».
«La sécurité des pays où les contingents [américains] supplémentaires seront déployés ne sera pas renforcée», a également indiqué Sergueï Riabkov. Il a cependant ajouté que «ce qui se passe actuellement mènera sans aucun doute en réponse à des mesures de notre part», sans fournir davantage de précisions.
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