Une journaliste d'investigation russe travaillant pour le journal indépendant Novaïa Gazeta a été hospitalisée après avoir été passée à tabac en Tchétchénie.
Elena Milachina, journaliste de Novaïa Gazeta et spécialiste de la Tchétchénie, a été attaquée après s’être rendue dans cette république russe du Caucase pour couvrir l’énoncé d’un verdict dans un procès, a rapporté ce 4 juillet l’ONG Memorial.
«Poutine a été informé de cette attaque», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Ce dernier a jugé l’incident «grave» et nécessitant des «mesures énergiques». Aussi a-t-il indiqué que Tatiana Moskalkova, déléguée des droits de l’homme auprès du président russe, avait déjà saisi le Comité d’enquête de la République et son parquet.
Sur des photos publiées sur Telegram, Elena Milachina, assise sur un lit d’hôpital, a les deux bras bandés, son visage aspergé d’une substance médicale de couleur verte et gonflé à cause des coups reçus. «Les doigts d’Elena Milachina sont cassés et elle perd de temps en temps connaissance», a précisé Memorial dans un communiqué. «Tout son corps est couvert de contusions», a ajouté l’ONG.
La voiture où se trouvaient la journaliste et l’avocat Alexandre Nemov a été attaquée par des «hommes armés» sur la route de l’aéroport vers la capitale tchétchène Grozny, toujours selon Memorial. «On les a violemment tabassés à coups de pied, y compris dans la figure, menacés de les tuer en mettant un pistolet contre leur tête» et en répétant : «On vous a avertis. Partez d’ici et n’écrivez rien», a indiqué l’ONG. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) s’est dite «horrifiée par cette agression sauvage».
L’Union des journalistes de Russie a déclaré étudier la situation de l’attaque contre la journaliste, par la voix de son directeur, Vladimir Soloviev, à RIA Novosti.
La déléguée russe aux droits humains appelle à une «enquête méticuleuse»
La déléguée russe pour les droits humains, Tatiana Moskalkova, s’est entretenue au téléphone avec Elena Milachina, avant d’annoncer le transfert de la journaliste vers un hôpital à Beslan, en Ossétie du Nord, république du Caucase voisine de la Tchétchénie. Elle a souligné auprès de l’agence Interfax que la sécurité de la journaliste serait «entièrement assurée», appelant à une «enquête méticuleuse» sur cette agression.
Ce 4 juillet, la journaliste Elena Milachina et l’avocat Alexandre Nemov sont allés à Grozny pour l’énoncé du verdict contre Zarema Moussaïeva, la femme de l’ancien juge fédéral russe d’origine tchétchène Saïdi Iangoulbaïev, devenu opposant à Ramzan Kadyrov.
Arrêtée en janvier 2022 dans le nord de la Russie par les forces de l’ordre tchétchènes, Zarema Moussaïeva avait été ramenée de force dans le Caucase. Accusée d’«escroquerie» et de «recours à la force» contre un policier, cette femme âgée de 53 ans a été condamnée ce 4 juillet à cinq ans et demi de prison par un tribunal de Grozny.
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