La tension continue de croitre dans la province serbe, après l’arrestation d’un homme accusé par les autorités de Pristina d’avoir blessé un policier albanais. Face à l’enlisement, le Président Vucic a annoncé son intention d’envoyer 1 000 hommes.
Des centaines de Serbes du Kosovo ont érigé ce 10 décembre des barricades sur une route dans le nord de la province, bloquant le trafic à deux importants points de passage avec le reste du territoire serbe, a indiqué la police loyale à Pristina.
Des camions, des ambulances et des engins agricoles ont été mis en place pour bloquer la circulation, dans un contexte de tensions marquées au cours des derniers jours par des explosions et des fusillades. Un policier albanais a été légèrement blessé le 8 décembre.
Selon les médias locaux, les protestataires serbes sont révoltés par l’arrestation d’un ancien policier d’origine ethnique serbe soupçonné d’être impliqué dans des attaques contre des policiers albanais.
Un ancien policier serbe arrêté
Des sirènes d’urgence ont retenti dans plusieurs villes à majorité serbe du nord du Kosovo pour donner le coup d’envoi au mouvement organisé ce 10 décembre, selon un journaliste de l’AFP. Des manifestants ont expliqué à l’agence de presse qu’ils voulaient empêcher «le transfert à Pristina» de l’ancien policier arrêté.
Xhelal Svecla, ministre du gouvernement autoproclamé de Pristina, a indiqué que l’ancien policier arrêté était l’un des deux suspects appréhendés après les attaques contre des patrouilles de police au cours des deux derniers jours.
Les dernières tensions ont éclaté après la décision des autorités autoproclamées du Kosovo d’organiser à partir du 18 décembre, dans les municipalités encore à majorité serbe, des élections locales que les principaux partis politiques serbes ont annoncé vouloir boycotter.
Des explosions et des fusillades ont été entendues le 8 décembre au moment où les responsables chargés des élections ont visité deux municipalités du nord de la province afin de préparer le scrutin, mais aucun blessé n’a été signalé.
Vucic entend envoyer 1 000 hommes au Kosovo
Peu après la mise en place des barricades, Vjosa Osmani qui se revendique présidente du Kosovo, a annoncé qu’elle avait décidé de reporter les élections locales au 23 avril. Le 7 décembre, le représentant des Etats-Unis au Kosovo, Jeff Hovenier, avait estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue d’élections.
L’attaque dans laquelle le policer avait été blessé le 8 décembre a eu lieu après le déploiement dans le nord de la province de policiers albanais. Selon Pristina, ce déploiement a été décidé après la démission collective des Serbes travaillant dans les institutions publiques, y compris la police. Les membres serbes des forces de l’ordre et les fonctionnaires avaient démissionné pour protester contre la décision des autorités kosovares de remplacer les plaques d’immatriculation émises par Belgrade par celles émises par Pristina.
Ce 10 décembre, le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé qu’il enverrait à la KFOR, la Force pour le Kosovo mise en place par l’OTAN, une demande de déploiement de 1 000 policiers et soldats, en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Belgrade a perdu le contrôle du Kosovo en 1999, ayant été privé du droit d’y déployer son armée par l’accord de Kumanovo signé le 9 juin avec l’OTAN suite à une intense campagne de bombardement de l’Alliance atlantique sur la Serbie. En 2008, le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance de la Serbie. Il est reconnue par les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux, mais non par la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne.
La tension monte encore d’un cran entre Serbes et Albanais dans le nord de la province du Kosovo