L'armée chinoise a démarré ce 4 août les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de Taïwan, une réponse musclée à la visite de la cheffe des députés américains, la démocrate Nancy Pelosi, sur l'île.
La présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, a provoqué la colère de Pékin en se rendant pour moins de 24h sur l’île de Taïwan, territoire revendiqué par la République populaire de Chine – il s’agissait de la visite à Taipei de la plus haute responsable américaine élue en 25 ans. L’élue du parti démocrate a martelé ) cette occasion que les Etats-Unis n’abandonneraient pas l’île, qui revendique être la République de Chine.
En réaction, Pékin a lancé à partir de ce 4 août à midi heure locale de vastes manœuvres militaires dans six zones autour de Taïwan, au niveau de routes commerciales très fréquentées. «Les exercices commencent» et se poursuivront jusqu’au 7 août à midi, selon des précisions de la télévision publique chinoise CCTV. «Pendant cette période, les navires et aéronefs concernés ne doivent pas pénétrer dans les eaux et les espaces aériens concernés», a-t-elle également fait savoir.
A Pingtan, une île chinoise située près d’une des zones où se déroulent les manœuvres, des hélicoptères militaires ont survolé le ciel en direction du détroit de Taïwan, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Pour Pékin, ces exercices – ainsi que d’autres, plus limités, démarrés ces derniers jours – sont «une mesure nécessaire et légitime» après la visite de Nancy Pelosi. «Ce sont les Etats-Unis qui sont les provocateurs, et la Chine qui est la victime. La Chine est en situation de légitime défense», a assuré à la presse Hua Chunying, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Ce sont les Etats-Unis qui sont les provocateurs, et la Chine qui est la victime
Les exercices visent à simuler un «blocus» de l’île et incluent «l’assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l’espace aérien», a indiqué l’agence publique Chine Nouvelle.
Selon le journal chinois Global Times, qui cite des analystes militaires, les exercices seraient d’une ampleur «sans précédent» car des missiles devraient survoler Taïwan pour la première fois. «C’est la première fois que l’armée chinoise va lancer des tirs d’artillerie à munitions réelles et de longue portée au-dessus du détroit de Taïwan», souligne le quotidien.
Encerclement de Taïwan
Ces exercices auront lieu dans toute une série de zones encerclant Taïwan – parfois à seulement 20 kilomètres des côtes taïwanaises.
«Si les forces taïwanaises viennent volontairement au contact de [l’armée chinoise] et viennent à tirer accidentellement un coup de feu, [l’armée chinoise] répliquera avec vigueur et ce sera à la partie taïwanaise d’en assumer toutes les conséquences», a indiqué à l’AFP une source militaire anonyme au sein de l’armée chinoise.
Les autorités de l’île de Taïwan ont elles dénoncé ce programme, l’accusant de menacer la sécurité de l’Asie de l’Est. «Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur […] les eaux territoriales de Taïwan», a déclaré Sun Li-fang, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, fustigeant «un acte irrationnel visant à défier l’ordre international».
Le ministère taïwanais de la Défense a également indiqué que l’armée taïwanaise avait tiré une fusée éclairante dans la nuit du 3 au 4 août afin d’éloigner un drone qui survolait l’île de Kinmen, qui se trouve à seulement 10 km de la ville de Xiamen, en Chine continentale. Il n’a pas précisé de quel type de drone il s’agissait ni d’où il provenait.
L’armée taïwanaise a en outre assuré «se préparer à la guerre sans chercher la guerre».
Issue d’un parti indépendantiste, l’actuelle présidente taïwanaise Tsai Ing-wen refuse, contrairement au gouvernement précédent, de reconnaître que l’île et le continent font partie «d’une même Chine».
Or, les visites de responsables et parlementaires étrangers se sont multipliées ces dernières années, renforçant les tensions entre Pékin d’une part, Taipei et les Etats-Unis de l’autre. En réponse, la Chine du président Xi Jinping, qui se veut intraitable sur les questions de souveraineté, cherche à isoler diplomatiquement Taïwan et exerce une pression militaire croissante sur l’île.
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