Alors que le Royaume-Uni, l'Australie et les Etats-Unis s'associent pour déployer des sous-marins à propulsion nucléaire, la Chine critique une «mentalité digne de la guerre froide», fustigeant un partenariat contraire au Traité de non-prolifération.
Le président américain Joe Biden a annoncé le 13 mars un partenariat renforcé dans le Pacifique avec l’Australie et le Royaume-Uni.
Le locataire de la Maison Blanche, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, et le chef du gouvernement australien, Anthony Albanese, vont se réunir sur la base navale de San Diego (Californie) pour finaliser le projet.
«Notre projet renforce pour des décennies la capacité industrielle de nos trois nations à produire et déployer des sous-marins à propulsion nucléaire, il développe notre présence sous-marine dans l’Indo-Pacifique et contribue à la sécurité et à la stabilité mondiales», ont déclaré les trois dirigeants dans un communiqué commun.
Une guerre froide contre la Chine ?
Un partenariat qui a provoqué l’ire de Pékin. «Nous appelons les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie à abandonner cette mentalité digne de la guerre froide [et à] faire davantage de choses pour encourager la paix et la stabilité régionales», avait déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, avant les annonces du 13 mars.
«Le plan de coopération en matière de sous-marins nucléaires […] est un acte flagrant qui présente de graves risques de prolifération nucléaire, sape le système international de non-prolifération, alimente la course aux armements et nuit à la paix et à la stabilité dans la région», a déclaré la mission de la Chine auprès des Nations unies ce 14 mars sur Twitter.
«L’ironie d’Aukus est que deux Etats dotés d’armes nucléaires qui prétendent respecter les normes les plus élevées en matière de non-prolifération nucléaire transfèrent des tonnes d’uranium enrichi de qualité militaire à un Etat non doté d’armes nucléaires, violant ainsi clairement l’objet et le but du TNP [Traité de non-prolifération]», a ajouté la mission diplomatique chinoise, qualifiant le transfert prévu de technologies et de matières nucléaires de «cas typique de double standard» et exhortant le trio à «honorer ses obligations en tant que membre du TNP».
Suivant un programme en trois phases, le projet militaire respectera le principe de non-prolifération nucléaire, assure l’exécutif américain. Il y aura d’abord une période de familiarisation pour la marine australienne, via toute une série de formations pour les ingénieurs, les marins et les techniciens au sein des équipages américains et britanniques mais également sur des chantiers navals. Canberra ne dispose pas à ce jour de sous-marins à propulsion nucléaire ni d’autre technologie nucléaire, qu’elle soit militaire ou civile.
Outre ce partenariat renforcé, sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie va commander trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de type «Virginia», avec une option d’achat sur deux autres navires submersibles. Ils doivent être livrés à partir de 2030. Enfin, cette collaboration envisage la création d’une nouvelle génération de sous-marins d’attaque, baptisée SSN-Aukus. Ce nouveau type de sous-marins, à propulsion nucléaire et à armement conventionnel, impliquera un effort industriel conjoint de la part des trois pays.
Cette alliance tripartite s’est faite sur le dos des ambitions françaises dans le Pacifique. Canberra avait annulé au dernier moment le contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, ce qui avait engendré une crise diplomatique avec la France en 2021. Paris avait alors parlé de «trahison» et de «duplicité». Malgré des tensions passagères, les relations sont revenues à la normale.
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