Instaurer une monnaie commune au BRICS «prendra du temps», mais la dédollarisation des échanges mondiaux «avance de manière irréversible», a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.
«Il est clair que cela prendra du temps. A court terme, il est peu probable que cela soit réalisable», a estimé ce 3 août à la presse Dmitri Peskov, interrogé sur les propos du président Lula da Silva. La veille, le chef d’Etat brésilien a de nouveau appelé à l’abandon du dollar dans les échanges commerciaux mondiaux et à la création d’alternatives à la monnaie américaine, notamment pour les transactions entre les membres des BRICS.
«Tout le monde sait que je suis favorable à la création de notre propre monnaie pour le commerce entre nos pays», a lancé Lula da Silva, qui avait vu naître les BRICS en 2006 lors de sa première présidence. «Pourquoi devrions-nous utiliser le dollar dans les échanges avec l’Argentine ou la Chine, alors qu’il est possible de le faire dans nos devises ? Pourquoi des pays dans lesquels vit près de la moitié de l’humanité ne peuvent-ils pas [en] discuter ?», a-t-il insisté.
«Le processus de dédollarisation de l’économie mondiale avance de manière irréversible» a toutefois assuré le porte-parole du Kremlin. «De nombreux pays tendent à privilégier l’usage de devises nationales dans les règlements réciproques» a-t-il poursuivi, soulignant la multiplication des initiatives en ce sens.
Un instrument au service des «objectifs» des BRICS
Mi-avril, le président brésilien avait déjà chargé la monnaie américaine. «Pourquoi tous les pays seraient-ils obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar ? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie de référence?», avait-il alors lancé, lors d’un déplacement à Shanghai pour l’intronisation de l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff à la tête de la Nouvelle banque de développement des BRICS.
Bien que l’introduction d’une monnaie commune aux pays des BRICS ne devrait pas être actée dès leur prochain sommet à Johannesburg, à quelques semaines de ce rendez-vous majeur, la question du recours à des alternatives au billet vert demeure une thématique récurrente des acteurs économiques et politiques des pays membres.
Fin mars, le vice-président de la Douma d’Etat Alexandre Babakov avait qualifié d’«étape prioritaire» la création d’une monnaie commune aux BRICS. A ses yeux, ces pays, qui œuvrent à l’émergence d’un monde multipolaire, doivent se doter d’une monnaie «capable de servir [leurs] objectifs» et non défendre les intérêts des économies émettrices du dollar et de l’euro en les employant.
Sommet des BRICS à Johannesburg : vers l’annonce d’une expansion du groupe ?