Le ministère des Affaires étrangères russe a publié le 29 août un communiqué dans lequel il a accusé les dirigeants autoproclamés du Kosovo d'avoir envenimé les tensions avec Belgrade en prenant des mesures contre la minorité serbe.
«La situation là-bas [dans la province du Kosovo] s’est à nouveau aggravée au cours du dernier mois et est maintenant au bord d’un conflit interethnique», s’inquiète la diplomatie russe dans un communiqué.
La Russie accuse les autorités autoproclamées de Pristina d’être responsables de la situation en voulant «obliger les Serbes vivant dans la région à remplacer les documents personnels et les numéros de voiture par des numéros kosovars» d’ici le 1er septembre.
Après des semaines de tension, un «accord de libre circulation» a été trouvé sous l’égide de l’UE entre la Serbie et sa province sécessionniste. Celle-ci a renoncé à introduire au 1er septembre, comme c’était son intention, des permis de séjour pour les personnes entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe.
En échange, le président serbe Aleksandar Vucic avait accepté de supprimer le permis de séjour que Belgrade imposait aux visiteurs détenteurs d’une carte d’identité kosovare pour entrer en Serbie. La situation reste cependant tendue et l’accord ne résout pas la question des plaques d’immatriculations des voitures des Serbes du Kosovo dont le changement pour des plaques kosovares exigé par les autorités locales de Pristina avait provoqué un regain de tensions en juillet.
L’ombre de Washington ?
Moscou voit par ailleurs à l’occasion de ce bras de fer une tentative américaine de «creuser un fossé» dans l’amitié et la coopération entre la Russie et la Serbie, et de forcer cette dernière à rejoindre les sanctions occidentales.
Ces affirmations se basent sur des propos de l’ambassadeur américain à Belgrade, Christopher Hill, demandant à la Serbie de partager le «fardeau des sanctions» contre la Russie et se tourner vers ses «vrais amis» occidentaux. «Ce qui est remarquable, c’est que l’Américain refuse obstinément de voir les “signes d’amitié” de la Serbie avec la Russie», pointe le texte.
La crise se poursuit de toute façon, elle s’aggrave
«Nous pensons qu’il est nécessaire de rappeler une fois de plus que la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui définit clairement [depuis juin 1999] l’intégrité territoriale de la Serbie, reste le fondement juridique du règlement du problème du Kosovo, qu’on le veuille ou non», déclare par ailleurs le ministère des Affaires étrangères. Ni Moscou, ni Belgrade ne reconnaissent l’indépendance du Kosovo.
Quant à la question des plaques d’immatriculation, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré le 27 août que le problème était «beaucoup plus compliqué» que la question des papiers d’identité. «La crise se poursuit de toute façon, elle s’aggrave», a-t-il prévenu. L’OTAN de son côté a déclaré que sa force de maintien de la paix au Kosovo (Kfor) était «prête à intervenir si la stabilité [de la région] était menacée».
La Serbie met en garde l’OTAN sur la sécurité de ses ressortissants au Kosovo