La ministre de la Transition énergétique a indiqué que l'Hexagone continuait à recevoir du pétrole en provenance de Russie, afin de laisser aux entreprises le temps de s'adapter et de ne pas affecter la vie quotidienne des Français.
Interviewée sur BFM TV le 23 octobre, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher est revenue en détail sur la situation sur le front des carburants, en relative amélioration pendant les vacances de la Toussaint alors que le conflit social dans les raffineries s’est essoufflé. Interrogée à cette occasion sur la poursuite des importations de pétrole russe, elle a répondu que la France continuait effectivement à en acheter.
«Il n’y a pas de sanctions sur le pétrole russe avant le 5 décembre prochain», a-t-elle expliqué en faisant référence aux mesures adoptées au niveau européen à l’encontre de Moscou. Ces mesures de rétorsion se mettront en place «le 5 décembre […] pour la partie “pétrole brut”», puis pour «les produits raffinés», à partir du 5 février 2023, a-t-elle détaillé.
«On importe beaucoup moins de pétrole russe», a-t-elle cependant souligné, citant l’exemple de TotalEnergies qui «n’importe plus aucune goutte de pétrole russe depuis le printemps dernier». Selon la ministre, des Considérations logistiques et pratiques expliquent ce recours à l’or noir russe. Ainsi, certains grands groupes «qui distribuent du pétrole ou du carburant sont en fin de contrat» et avaient besoin d’un délai de «six mois» pour se passer de ces importations, délai qui leur a été accordé. «L’idée est que les sanctions soient violentes pour la Russie, pas qu’elles désorganisent la vie quotidienne des Français», a justifié Agnès Pannier-Runacher.
Pétrole russe: "Oui, tout à fait", la France continue d'en importer, affirme Agnès Pannier-Runacher (@AgnesRunacher) pic.twitter.com/DDVGsCGIOQ
— BFMTV (@BFMTV) October 23, 2022
Les sanctions contre les hydrocarbures russes adoptées par l’Union européenne (UE) fin mai 2022 ont été en effet étalées dans le temps, tenant compte de l’impossibilité pour une série de pays de se passer de cette importante source d’approvisionnement.
Dans le cadre du sixième paquet européen de sanctions, l’arrêt des importations par bateaux de pétrole brut lieu devait ainsi devenir effectif dans les six mois, et celui des produits pétroliers dans les huit mois. L’approvisionnement par oléoduc avait alors fait l’objet d’une exemption suite aux demandes de la Hongrie, qui continue à dénoncer les sanctions européennes et organise actuellement une consultation nationale sur le sujet.
Comme le relevait Libération le 19 octobre, «si l’UE semble faire front uni contre la Russie, dans les faits, ce n’est pas si simple», en citant notamment le cas de la Grèce, qui continue à transporter le pétrole russe vers des destinations non européennes. «Malgré les sanctions, les embargos et les tentatives de plafonner les prix, la Russie continue d’engranger des recettes substantielles sur ses ressources énergétiques», constataient de son côté Les Echos au début du mois.
La Russie avait fait savoir, lors des annonces européennes de fin mai, qu’elle adopterait des mesures pour «minimiser» l’impact de l’embargo européen, en particulier au moyen d’une réorientation de ses exportations vers d’autres pays. Elle s’est «tournée vers l’Inde, la Chine, la Turquie et la Malaisie, qui ont absorbé une partie de ses débouchés et ont augmenté leurs importations», détaillaient Les Echos.
Selon le Fond monétaire international (FMI), la récession économique en Russie sera moins forte que prévu en 2022 et en 2023, notamment grâce aux exportations de pétrole brut et à une demande intérieure relativement «stable». Le Produit intérieur brut (PIB) de la Russie devrait ainsi se contracter de 3,4% en 2022, prévoit le FMI dans un rapport, soit bien moins que la forte chute de 6% sur laquelle il tablait lors de ses précédentes prévisions publiées en juillet.
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