La Hongrie s’oppose à un projet d’emprunt commun de 18 milliards d’euros destinés à l’Ukraine, dont les intérêts seraient payés par les Vingt-Sept. De son côté, la Commission bloque 7,5 milliards d’euros de fonds destinés à Budapest.
L’agence de presse Reuters a rapporté le 6 décembre que la Hongrie a opposé son veto à un prêt de 18 milliards d’euros à l’Ukraine, financé par un emprunt commun de l’Union européenne (UE). Le ministre hongrois de l’Economie et des Finance Mihaly Varga, cité par la même agence, l’a confirmé lors d’une réunion des ministres de l’Economie et des Finances de l’UE à Bruxelles, le 6 décembre, ajoutant que Budapest fournirait une aide bilatérale à Kiev.
«Nous ne nous découragerons pas. Notre ambition reste de commencer le décaissement de notre aide à l’Ukraine en janvier», a pour sa part déclaré le ministre des Finances de la République tchèque, Zbynek Stanjura. «Cela signifie que nous chercherons une solution soutenue par 26 Etats membres [sans la Hongrie]», a-t-il ajouté. Mais le versement d’une aide de 18 milliards d’euros à l’Ukraine, par le moyen d’un emprunt sur les marchés financiers dont les Etats membres payeraient les intérêts, et dont Kiev ne rembourserait que le capital à partir de 2033 au plus tôt, requiert l’unanimité des 27.
Ausrinė Armonaitė, la collègue lituanienne de Mihaly Varga, a déclaré à Reuters, avant les pourparlers, qu’elle jugeait «immoral» que la Hongrie bloque l’aide de l’UE à l’Ukraine et a accusé Budapest d’utiliser son droit de veto comme monnaie d’échange pour la levée du blocage de fonds européens destinés à Budapest.
L’UE bloque actuellement 7,5 milliards d’euros de fonds européens destinés à la Hongrie au motif que sa législation autoriserait la corruption. Les ministres des Finances de l’UE étaient censés voter la semaine dernière une recommandation de la Commission européenne visant à geler jusqu’à la fin de 2027 65% des fonds dits «de cohésion» attribués à la Hongrie.
Un manque à gagner équivalent à 9% du PIB de la Hongrie
Les ministres ont également retardé toute décision sur le plan de dépenses de Budapest pour 5,8 milliards d’euros supplémentaires. Cette somme qui devait être débloquée pour la Hongrie à partir du fonds de relance économique du bloc, s’inscrit dans un plan mis en place pour aider les économies à se remettre de la pandémie de Covid. Ensemble, les fonds gelés destinés à la Hongrie représentent près de 9 % du PIB estimé de la Hongrie en 2022. A titre de comparaison, une telle proportion représenterait pour l’économie française un manque à gagner de plus de 200 milliards d’Euros.
De son côté, la Hongrie semble considérer qu’elle est victime, par le biais de ce blocage, de pressions pour forcer sa décision sur le dossier ukrainien. Ainsi, son porte-parole Zoltan Kovacs, selon qui Budapest remplit les conditions pour accéder aux fonds de l’UE, a déclaré : «La Hongrie considère comme un dangereux précédent le fait que le paiement des fonds de l’UE à la Hongrie soit lié à d’autres questions sans aucun rapport.»
«Nous refusons que les fonds européens soient subordonnés à un changement de position», a-t-il déclaré. La Hongrie est actuellement le seul pays de l’UE dont le plan de dépenses n’a pas encore été approuvé – une condition préalable à la réception des fonds. Pour justifier cette mesure, la Commission européenne invoque des atteintes à l’indépendance judiciaire. Selon la législation européenne, si le plan n’est pas approuvé d’ici la fin de l’année, 70 % des fonds seront irrévocablement perdus pour la Hongrie.
La Commission recommande le gel de fonds européens destinés à la Hongrie