Ariane Lavrilleux, journaliste pour le site Disclose, a été placée en garde à vue pendant 39 heures dans le cadre d'une enquête pour «compromission du secret de la défense nationale». Sortie le 20 septembre, elle est soutenue par la gauche.
L’arrestation de la journaliste Ariane Lavrilleux le 19 septembre ainsi que la perquisition à son domicile faisait suite à une enquête intitulée : «Les mémos de la terreur», publiée en novembre 2021. Celle-ci avait révélé des documents secret-défense selon lesquels une mission du renseignement militaire français, baptisée Sirli, visant à aider l’Egypte contre le terrorisme islamiste, aurait été détournée par Le Caire à des fins de répressions contre des réseaux de trafiquants de drogue, d’armes et de migrants.
La gauche Nupes a manifesté son soutien envers la journaliste, qui se dit victime d’une traque dans son propre pays.
Ex-correspondante en #Egypte, j'étais soulagée d'avoir pu éviter les geôles de la dictature,
mais c'est finalement les services de mon propre pays, la France, qui m'ont traquée et arrêtée pour avoir fait mon travail avec @Disclose_ngo#Egyptpapershttps://t.co/qEC1AYvXjz
— Ariane Lavrilleux (@AriaLavrilleux) September 22, 2023
Ex-correspondante en #Egypte, j'étais soulagée d'avoir pu éviter les geôles de la dictature,
mais c'est finalement les services de mon propre pays, la France, qui m'ont traquée et arrêtée pour avoir fait mon travail avec @Disclose_ngo#Egyptpapershttps://t.co/qEC1AYvXjz
— Ariane Lavrilleux (@AriaLavrilleux) September 22, 2023
La gauche à la rescousse d’Ariane Lavrilleux
Le 20 septembre, des députés Nupes ont participé à un rassemblement de soutien à la journaliste à Paris, notamment l’Insoumise Raquel Garrido et l’écologiste Julien Bayou. La première a encouragé le gouvernement à «respecter le secret des sources». Le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a réclamé, lui, la constitutionnalisation du secret des sources.
L’eurodéputée insoumise Manon Aubry a rebondi sur le sujet en évoquant la convocation de trois journalistes de Libération par la police judiciaire pour avoir enquêté sur la mort d’Amine Leknoun à la suite d’un tir policier.
Apres la garde à vue d'une journaliste @Disclose_ngo, trois journalistes @libe convoqués par la PJ pour avoir enquêté sur la mort d'Amine Leknoun à la suite d'un tir policier.
La liberté de la presse en danger, soutien aux rédactions qui doivent être protégées dans leur travail. https://t.co/vOt0MHiDbK
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) September 21, 2023
Le silence du gouvernement
Plusieurs membres du gouvernement ont été questionnés à propos de cette arrestation et tous ont botté en touche. Interrogé après le Conseil des ministres le 20 septembre, le porte-parole Olivier Véran a ainsi affirmé qu’il ne voulait pas «éluder» cette question, affirmant «bien vouloir répondre» mais qu’il ne s’agissait pas du «lieu pour répondre à cette question».
La Première ministre Elisabeth Borne n’a pas non plus répondu aux sollicitations du Monde, se contentant de répondre : «C’est quelque chose en lien avec les Egyptiens, c’est ça ?» Enfin, les services de l’Elysée ont répondu, toujours au Monde, qu’il n’étaient pas en mesure de «commenter une affaire judiciaire en cours qui vise à déterminer si la loi a été ou non respectée» car le chef de l’Etat est «garant de l’indépendance de la justice».
Une journaliste aux méthodes controversées
Le 20 septembre, un ancien fonctionnaire a été mis en examen pour «violation du secret-défense», suspecté d’être l’informateur d’Arianne Lavrilleux. Il ne pourra pas profiter du statut de lanceur d’alerte s’il y a eu violation du secret-défense. Il pourrait donc faire les frais de l’enquête de la journaliste.
Cette dernière avait été accusée d’avoir volé le travail de deux confrères en 2020 concernant un lien présumé entre une ONG française, SOS Chrétiens d’Orient et l’Etat syrien.
A deux semaines des Etats généraux de l’information organisés le 3 octobre par l’Elysée, l’affaire Lavrilleux pourrait perturber cet événement alors que la journaliste évoque une garde à vue «pénible» avant d’avoir été «placée dans les geôles de l’hôtel de ville de Marseille».
«Pas très commode» pour l’UE d’expliquer au monde la liberté d’expression après avoir censuré RT ?