L'activiste russe Alexeï Navalny a vu sa peine a neuf ans de prison en «régime sévère» pour divers délits financers confirmée par la justice de son pays, alors qu'il avait fait appel de cette décision.
Le tribunal de Moscou a reconnu le 24 mai que la condamnation d’Alexeï Navalny à neuf ans d’incarcération en colonie pénitentiaire était légale.
Le 22 mars, l’activiste russe, qui purgeait déjà une peine en colonie dite en «régime normal», avait été condamné à neuf ans de prison en «régime sévère», où les conditions de détention sont plus rudes. Il revient désormais aux autorités pénitentiaires de le transférer vers un autre lieu de détention. Le nom de celui-ci ne sera annoncé qu’une fois qu’il sera arrivé sur place. Les avocats de l’opposant ont aussitôt indiqué qu’ils formeraient un pourvoi contre ce jugement.
«Oui, il existe une masse de décisions de tribunaux internationaux, mais ça n’a pas d’effet, Alexeï n’est toujours pas libéré», ont déclaré ses avocats Olga Mikhaïlova et Vadim Kobzev à la presse. «D’autant plus qu’il y a encore trois enquêtes» contre lui, ont-ils observé, prédisant de nouveaux procès et condamnations.
L’avocate de l’opposant a fait valoir que la Cour européenne des droits de l’homme avait estimé que les droits d’Alexeï Navalny avaient été violés pendant la procédure.
Une tribune pour l’opposant
L’opposant, qui assistait à l’audience en visioconférence, a profité de l’occasion pour se livrer à un bref discours politique, entrecoupé par des problèmes techniques qui ont été réglés pendant la séance.
Je méprise votre tribunal, votre système
«Je méprise votre tribunal, votre système», a-t-il lancé, estimant que ce procès n’avait «pas de sens». «Bien sûr que je n’ai pas envie d’être en cellule», a-t-il déclaré. «Je préfèrerais voir mes enfants grandir. Mais j’appelle les gens à ne pas avoir peur, avoir peur c’est un crime contre notre avenir». «C’est justement vous, votre système et Poutine qui trahissez le peuple russe», a-t-il accusé, profitant de cette tribune pour dénoncer une nouvelle fois l’offensive militaire russe en Ukraine.
Le procureur a jugé que la culpabilité de Navalny était pleinement prouvée, et notamment que l’opposant avait recueilli des dons pour sa candidature de 2018 qu’il savait pourtant impossible au vu de ses antécédents judiciaires. «En conséquence, [Navalny et ses collègues] ont disposé de cet argent à leur discrétion, y compris pour des besoins personnels», a déclaré le procureur.
Alexeï Navalny était accusé notamment d’avoir détourné des millions de roubles de dons versés à ses organisations de lutte contre la corruption. Il était aussi poursuivi pour outrage à la cour. Il a été condamné en première instance le 22 mars dans le cadre de cette affaire.
Il a été incarcéré auparavant pour violation des conditions d’une peine de prison avec sursis qu’il purgeait pour détournement de fonds de la filiale russe de l’entreprise française Yves Rocher, une affaire remontant à 2014. L’opposant et ses soutiens dénoncent des procès politiques.
Les principales organisations de l’opposant avaient été qualifiées d’«extrémistes» par la justice dès juin 2021, décision qui a entraîné leur fermeture et des poursuites contre nombre de leurs militants. Fin janvier, Alexeï Navalny a lui-même été placé sur la liste des «terroristes et extrémistes».
Reconnu coupable d’escroquerie et d’outrage, Alexeï Navalny condamné à neuf ans de prison