Le patron de Sputnik Moldavie a été expulsé par Chisinau ce 13 septembre. Une décision, soudaine, vivement condamnée par la diplomatie russe ainsi que par l’opposition moldave.
«Ceci […] n’est pas une action isolée, mais un autre maillon dans la chaîne de l’attitude inadéquate des autorités moldaves actuelles à l’égard du concept de démocratie», a fustigé ce 13 novembre la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d’un point presse à Vladivostok. Une déclaration qui fait suite à l’annonce, dans la matinée, de l’expulsion de Moldavie, manu militari, du patron de l’antenne locale de Sputnik Vitaly Denisov.
«Ils ne comprennent pas ce qu’est la liberté d’expression, les droits des journalistes» a également déclaré la diplomate, annonçant que le chargé d’affaires de Moldavie à Moscou avait été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères.
«Ils ne m’ont pas laissé emballer mes affaires, récupérer mes animaux de compagnie, etc.», a de son côté relaté le journaliste russe auprès de son agence de presse. Cette dernière précisait alors que Vitaly Denisov était déjà à l’aéroport de Chisinau. «On m’a remis une copie de la décision selon laquelle je devais quitter le pays en tant que personne représentant une menace pour la sécurité nationale de la République de Moldavie et qu’il m’était interdit d’entrer dans le pays pendant dix ans», a-t-il également déclaré.
L’opposition moldave s’indigne
Le directeur général de Rossiya Segodnya, maison mère de Sputnik, Dmitri Kiselev, a tancé «la politique destructrice du gouvernement de la Moldavie» qui a ses yeux «dépasse toutes les limites adéquates des relations interétatiques».
En Moldavie, des voix se sont également élevées pour dénoncer l’expulsion de Vitaly Denisov. Dans un communiqué, le parti socialiste de Moldavie, deuxième force politique du pays dirigé par l’ancien président Igor Dodon, «condamne catégoriquement l’expulsion illégale» de Vitaly Denisov et «exprime sa solidarité avec les journalistes de l’agence Spoutnik Moldavie». «Vitaly Denisov possédait tous les permis nécessaires pour travailler en Moldavie. Expulser une personne sans explication, sans lui permettre de faire ses valises, seul un régime criminel, sadique et inhumain peut le faire» fustige le document, estimant que Chisinau a voulu «plaire» à ses «maîtres occidentaux».
Le député socialiste Bogdan Tirdea va plus loin sur sa chaine Telegram, relate l’agence TASS, dressant un parallèle entre cet évènement et l’arrivée à Chisinau du chef adjoint de l’OTAN, Mircea Geoana, qui doit notamment s’entretenir avec les autorités moldaves au sujet de la lutte contre la désinformation.
La Moldavie, ex-république soviétique candidate à l’intégration européenne, a récemment adopté des mesures drastiques contre des médias russes ainsi que ceux émettant en langue russe. En décembre 2022, prétextant un «manque d’informations correctes» dans la couverture des événements nationaux, ainsi que des opérations militaires russes en Ukraine, les autorités moldaves avaient révoqué l’autorisation de diffusion de six chaînes de télévision en langue russe. Une décision, survenant dans la foulée de nouvelles sanctions européennes antirusses, que Maria Zakharova avait alors qualifiée «d’acte de censure politique sans précédent».
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