La gare de Tchaplino a été touchée le 24 août par une frappe russe. Alors que la Russie affirme que ses tirs ont visé des troupes ukrainiennes faisant route vers le Donbass, Kiev et Bruxelles dénoncent une attaque délibérée contre des civils.
Un bombardement russe a frappé, dans la soirée du 24 août, la gare de Tchaplino, située dans la région de Dniepropetrovsk, dans l’est de l’Ukraine. La Russie affirme avoir visé un train militaire et tué des soldats tandis que Kiev a dénoncé une attaque contre des civils.
Dans un communiqué publié le 25 août, le ministère russe de la Défense a livré sa version des faits, expliquant qu’«à la suite d’une frappe directe d’un missile Iskander […] sur la gare ferroviaire de Tchaplino […], plus de 200 soldats de réserve des forces armées ukrainiennes qui se dirigeaient vers la zone de combat dans le Donbass ont été éliminés», et du matériel militaire détruit. Selon la partie russe, il s’agit donc d’une frappe ciblée. Le communiqué affirme par ailleurs que «les attaques de haute précision contre les installations du complexe militaro-industriel ukrainien, qui assurent la réparation des armes et du matériel militaire pour les troupes ukrainiennes, se poursuivent». La Défense russe n’évoque pas de victimes civiles dans sa communication.
La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part dénoncé cette «frappe de missile russe» au début d’un discours retransmis par vidéo devant le Conseil de sécurité de l’ONU, en faisant état d’un premier bilan de 22 morts. Selon le dirigeant ukrainien, quatre wagons passagers auraient pris feu. «Nous allons faire en sorte que les agresseurs paient pour tout ce qu’ils ont fait. Et nous allons les chasser de notre terre», a ajouté Volodymyr Zelensky lors de son intervention.
Le bilan exact du bombardement reste à confirmer : Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, a fait état sur Twitter de «25 civils tués à la suite d’un tir de missile», en dénonçant le «terrorisme de Moscou, plaie du XXIe siècle». Les services du procureur général d’Ukraine ont quant à eux indiqué que «10 civils ont été tués, dont deux enfants de 6 et 11 ans, et 10 autres blessés, dont deux enfants» par cette frappe. Selon la journaliste française de France 2 Maryse Burgot, des civils ont été tués, «mais aussi des soldats ukrainiens».
Nous sommes à Tchaplyne dans le centre de l’Ukraine. Nos images du train explosé par une frappe. Des civils tués mais aussi des soldats ukrainiens.#Ukraine@infofrance2@franceinfo@stef_guillemotpic.twitter.com/9cB0GgZWLQ
— Maryse Burgot (@MaryseBurgot) August 25, 2022
L’Union européenne a réagi à la frappe par la voix de Josep Borrell, son chef de la diplomatie, en appuyant la version de Kiev : «L’UE condamne fermement les frappes russes atroces menées contre des civils» en Ukraine, et leurs responsables «devront rendre des comptes», a-t-il averti ce 25 août sur Twitter.
Depuis le début de son offensive en Ukraine, la Russie affirme se concentrer sur les infrastructures militaires et celles liées aux télécommunications. A l’occasion d’une controverse autour de l’incendie survenu fin juin dans un centre commercial de la ville ukrainienne de Krementchouk, le président russe Vladimir Poutine avait assuré que l’armée russe procédait à des bombardements sur des «cibles préalablement définies» et «ne frapp[ait] aucune cible civile». En avril, l’armée russe avait été accusée par le Haut commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU d’avoir mené en Ukraine des bombardements pouvant «relever de crimes de guerre», ce qu’elle dément fermement. Moscou accuse par ailleurs également Kiev d’être responsable de tels crimes.
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