Alors que le climat s'est tendu ces derniers jours entre Serbes et Albanais du Kosovo, le président Vucic a demandé à l'OTAN de pouvoir déployer des policiers et militaires dans la région afin de protéger les Serbes présents dans la province.
Le président serbe, Aleksandar Vucic, a annoncé dans la soirée du 15 décembre, sur les ondes de la Radio-télévision de Serbie (RTS), avoir l’intention de «demander» au commandement de la force de l’OTAN présente au Kosovo, la KFOR, l’autorisation de déployer «jusqu’à 1 000 militaires et policiers» afin qu’ils protègent les populations serbes présentes dans la région. Le 16 décembre, la RTS a fait savoir que cette demande avait été transmise le même jour au commandement de la KFOR.
D’après le président serbe, cette présence serbe au Kosovo serait «importante pour la protection de la population serbe» et permettrait de réduire «considérablement les tensions». Il a également rappelé que ce possible déploiement de troupes était conforme à la résolution 1 244 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Néanmoins, Aleksandar Vucic a reconnu être «quasiment certain» que sa requête «ne sera pas acceptée».
Les Serbes représentent environ 120 000 personnes dans la région, sur une population totale de quelque 1,8 million d’habitants, très majoritairement d’origine albanaise.
Tensions dans la région du Kosovo
Ces derniers jours, les tensions se sont accrues entre populations serbe et albanaise de la région du Kosovo, que Belgrade considère comme partie intégrante de son territoire. Plusieurs centaines de Serbes encore présents dans la province ont mis en place des barrages routiers dans le nord du Kosovo, notamment sur des routes menant à des postes de contrôle, afin de protester contre l’arrestation d’un policier serbe par les autorités autoproclamées de Pristina.
Par ailleurs, des incursions de la police non reconnue de Pristina en territoire habité par des Serbes ont également fait augmenter la tension, comme dans la soirée du 8 décembre, lors de laquelle plusieurs centaines de policiers albanais ont investi la partie nord de Mitrovica, ville partagée entre Serbes et Albanais, selon Petar Petkovic, directeur serbe du Bureau pour le Kosovo-et-Métochie. Or, «en vertu de l’accord existant [entre Belgrade et Pristina, sous l’égide de l’UE], la police du Kosovo n’est pas autorisée à se rendre au nord», avait souligné Aleksandar Vucic auprès de la RTS. A moins d’obtenir l’assentiment des autorités locales, ce qui n’a pas été le cas.
Enfin, la volonté des autorités non reconnues de Pristina de procéder à des élections dans des municipalités à majorité serbe a encore un peu plus envenimé la situation. Le principal parti serbe du Kosovo, Srpska Lista za Kosovo (La liste serbe pour le Kosovo), a d’ores et déjà annoncé son intention de boycotter le scrutin.
Répondant à la proposition de déploiement de troupes du président serbe, la présidente autoproclamée du Kosovo, Vjosa Osmani, a contesté cette éventualité. «Vucic sait très bien que la présence de l’armée serbe au Kosovo a pris fin en 1999», a-t-elle expliqué, citée par l’AFP, en référence à la guerre du Kosovo (1998-1999) entre la Serbie et l’UCK, organisation paramilitaire indépendantiste albanaise du Kosovo, classée comme organisation terroriste par les Etats-Unis jusqu’à la fin des années 90.
Le conflit aura fait plus de 13 500 morts et se sera soldé par une campagne de bombardement de 78 jours sur la Serbie menée par l’OTAN – sans l’aval des Nations unies – forçant l’armée serbe à se retirer de la région pour en remettre l’administration la KFOR.
Le Kosovo, alors province serbe, proclamera finalement son indépendance de manière unilatérale en février 2008. Il est aujourd’hui reconnu par les Etats-Unis et de nombreux pays occidentaux, mais pas par la Chine, la Russie, l’Inde ou encore l’Espagne.
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