La Serbie a qualifié de «contradictoires» les mesures que lui recommande l'europarlement afin de rejoindre l'Union européenne. Une demande porte sur la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, l'autre sur la mise en place des sanctions antirusses.
A l’issue d’une réunion avec l’ambassadeur de l’Union européenne en Serbie, le Premier ministre serbe Ana Brnabic a, le 25 novembre, reproché au Parlement européen de conditionner l’admission de son pays dans l’UE à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo ainsi qu’à la mise en place de sanctions antirusses, deux mesures qu’elle estime être «contradictoires».
«Ces recommandations sont contradictoires en termes de valeurs. Elles sont contradictoires sur le plan des principes. Ainsi, l’une d’elles dit que la Serbie ne peut devenir membre de l’Union européenne que si elle accepte d’imposer des sanctions à la Russie parce que celle-ci a violé l’intégrité territoriale d’un Etat internationalement reconnu […]. L’autre recommandation dit que vous ne pouvez poursuivre [l’objectif de rejoindre l’UE] qu’après avoir renoncé à votre intégrité territoriale», a en effet développé la femme d’Etat, ici citée par l’agence de presse russe Tass.
Pour rappel, le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance le 17 février 2008, obtenant alors une reconnaissance de la part des Etats-Unis et de la plupart des pays occidentaux, mais pas de la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne.
Belgrade entend préserver ses relations avec Moscou
Face aux pressions de Bruxelles qui lui demande de mener une politique hostile à la Russie, Belgrade a déjà exprimé à plusieurs reprises son refus de mettre en place des sanctions contre ceux qui «l’ont aidé à préserver son intégrité territoriale», en référence notamment au soutien qu’a apporté la Russie à la Serbie sur la question du Kosovo. «Nous savons par notre propre expérience que les sanctions sont immorales et inefficaces», avait d’ailleurs déclaré le président serbe au mois d’avril.
Réagissant aux récentes demandes que l’UE a formulées auprès de la Serbie, la porte-parole de la diplomatie russe a pour sa part estimé que «la tradition européenne a[vait] été détruite dans l’UE». «Que reste-t-il de l’Europe dans l’UE ? Un simple rattachement géographique au continent. Car aujourd’hui, c’est précisément en Russie où l’Europe est préservée en tant que civilisation», a encore commenté Maria Zakharova.
La Serbie explique son refus de s’associer aux sanctions «immorales et inefficaces» contre la Russie