La délégation de la Cédéao, arrivée le 3 août à Niamey pour négocier, est repartie quelques heures plus tard, sans avoir rencontré le chef de la junte. Dans une tribune, le président Bazoum a appelé Washington à l'aide.
«Les envoyés de la Cédéao sont repartis» dans la nuit du 3 au 4 août et n’ont vu ni le chef des militaires qui ont pris le pouvoir la semaine dernière, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé Mohamed Bazoum, a expliqué un des membres de la délégation le matin du 4 août.
Cette délégation était menée par l’ancien chef de l’Etat nigérian Abdulsalami Abubakar et devait initialement rencontrer les putschistes au Niger «pour présenter les demandes des dirigeants de la Cédéao», selon un communiqué de la présidence du Nigeria. Le président nigérian Bola Tinubu, président en exercice de la Cédéao, avait pressé cette délégation de «tout faire» pour une «résolution à l’amiable» de la crise au Niger.
La Cédéao a imposé de lourdes sanctions à Niamey et a donné jusqu’au 6 août aux putschistes pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet, sous peine d’utiliser «la force». Le 3 août au soir, les putschistes ont annoncé qu’ils riposteraient «immédiatement» en cas d’«agression ou tentative d’agression» contre leur pays par la Cédéao. Une réunion des chefs d’état-major ouest-africains se tient depuis le 2 août à Abuja, au Nigeria. Plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à intervenir si l’ultimatum n’est pas respecté.
Le Mali et le Burkina Faso, eux aussi dirigés par des militaires qui ont rompu avec la France, soutiennent quant à eux les putschistes.
Bazoum appelle ses alliés à l’aide
Le président élu du Niger Mohamed Bazoum a prédit des «conséquences dévastatrices et appelé la communauté internationale à l’aide. «J’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel», a-t-il écrit «à titre d’otage» dans une tribune publiée par le quotidien américain Washington Post.
Aussi Bazoum a-t-il mis en garde contre les conséquences «dévastatrices» du coup d’Etat pour le monde et le Sahel, qui pourrait passer, selon lui, sous l’«influence» de la Russie par le biais du groupe paramilitaire Wagner.
Moscou a plaidé pour un dialogue national
La diplomatie russe a, par la voix de Maria Zakharova le 2 août, jugé «extrêmement important» d’empêcher «une nouvelle dégradation de la situation» au Niger. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a plaidé pour l’organisation urgente d’un «dialogue national pour rétablir la paix civile, assurer la loi et l’ordre».
Les «problèmes africains [nécessitent] des solutions africaines», a-t-elle estimé, espérant que «des efforts» seraient déployés «par l’intermédiaire de l’Union africaine et des organisations régionales». «Dans le même temps, nous pensons que la menace du recours à la force contre un État souverain ne contribuera pas à désamorcer les tensions et à résoudre la situation dans le pays», a-t-elle ajouté.
Source: AFP Manifestation à Niamey le 3 août.
France 24 et RFI suspendus
Tard le 3 août, dans un communiqué lu à la télévision, les putschistes ont dénoncé «les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France», dont un contingent militaire est déployé au Niger.
Le même jour, les programmes de Radio France Internationale (RFI) et de la chaîne de télévision d’information France 24 ont été interrompus au Niger, «une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal», selon la maison-mère des deux médias, France Médias Monde.
Les signaux des deux médias ont été coupés «sur instructions des nouvelles autorités militaires», a indiqué à l’AFP un haut fonctionnaire nigérien. La France a condamné «très fermement» cette décision. RFI et France 24 sont déjà suspendus au Burkina Faso et au Mali voisins.
Un coup d’Etat au Niger, mené par le général Abdourahamane Tiani, a renversé le président élu et soutenu par la France Mohamed Bazoum, la semaine dernière. Le général a justifié ce putsch par la «dégradation de la situation sécuritaire» dans un pays miné par la violence de groupes djihadistes.
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