France

L’ambassade de Russie en France réagit au vote de l’Assemblée nationale sur l’«Holodomor»

Les députés français ont voté la reconnaissance du caractère génocidaire de la grande famine des années 1930 en Ukraine. L'ambassade de Russie y voit une décision «provocatrice», dans la mesure où d'autres régions de l'URSS ont été touchées.

Dans un texte publié sur Telegram, l’ambassade de Russie en France a qualifié d’«infondée» et de «provocatrice» la décision de l’Assemblée nationale française de voter le 28 mars une résolution qualifiant de génocide l’«Holodomor». Ce terme – qui peut se traduire en ukrainien par «extermination par la faim» – renvoie à la famine en Ukraine qui a fait des millions de morts au début des années 1930 et qui, selon des historiens, a été orchestrée par les autorités soviétiques afin de réprimer toute velléité indépendantiste ukrainienne.

La notion de l’Holodomor est une créature politico-idéologique conçue par les forces ultranationalistes et russophobes ukrainiennes afin de diaboliser la Russie

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«La notion de l’Holodomor est une créature politico-idéologique conçue par les forces ultranationalistes et russophobes ukrainiennes afin de diaboliser la Russie et d’attirer le soutien de la communauté internationale», a fait valoir l’établissement diplomatique russe. Avant de détailler : «Il est important de noter qu’à l’époque, la grande famine a touché non seulement l’Ukraine, mais aussi d’autres régions agricoles de l’URSS, notamment le Caucase du Nord, la moyenne et la basse Volga, une partie considérable de l’oblast [la région] du Centre-Tchernoziom, le Kazakhstan, la Sibérie occidentale et l’Oural du Sud. Des millions de citoyens soviétiques en ont été victimes.»

L’ambassade de Russie s’inquiète, à travers un vote comme celui des députés français, de «spéculations politiques» s’appuyant sur l’histoire qui viseraient à «encourager et à justifier de nouvelles attaques contre la Russie». «Privilégier», à travers ce type d’initiative, «certaines des victimes» ferait «tomber les autres dans l’oubli». «Ce tri sur la base de nationalité ne fait que cautionner la politique des autorités ukrainiennes actuelles avec leur dérive nationaliste et néo-nazie», conclut la représentation diplomatique.

Les députés français veulent «faire reconnaître les crimes de masse [du] régime soviétique»

La résolution adoptée par l’Assemblée nationale française à une quasi-unanimité (168 voix contre 2) «reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933». Le texte «condamne» ces actes et «affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique».

De plus, l’Assemblée invite, via cette résolution, le gouvernement à acter lui aussi cette qualification de génocide et lui demande d’«encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie» afin de documenter les faits. 

Les députés demandent ainsi au gouvernement d’agir, note l’AFP, «pour répondre à la forte attente de Kiev au sujet de ce souvenir douloureux, ravivé par l’invasion russe du pays».

Abstention des Insoumis, opposition des communistes

Le texte avait été co-signé par des membres de sept des dix groupes politiques de l’Assemblée, à l’exception des groupes La France insoumise (LFI), communiste et Rassemblement national (RN).

Les Insoumis n’ont pas pris part au vote, estimant qu’il y avait des doutes sur le caractère génocidaire de ces événements au regard du droit international. «Nul ne peut nier la réalité du crime [mais] s’agissait-il d’exterminer le peuple ukrainien en tant que tel ?», s’est par exemple interrogé le député LFI Bastien Lachaud.

Les communistes sont les seuls à avoir voté contre, considérant que les parlementaires n’étaient pas légitimes pour se substituer aux historiens et aux juges. «Nous refusons de contribuer à la politisation des enjeux de mémoire et d’histoire», a fait valoir le député Jean-Paul Lecoq.

Mi-décembre, le Parlement européen avait déjà qualifié de génocide l’«Holodomor».

Ces votes sur ce sujet d’histoire surviennent dans un contexte de vives tensions entre la Russie et l’Union européenne, cette dernière soutenant Kiev (via notamment l’envoi d’armements et des aides économiques) dans le contexte d’offensive militaire menée par la Russie en Ukraine, depuis février 2022.

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