L'ambassade a raillé la venue du chef d'Etat ukrainien au Royaume-Uni, estimant qu'il était venu «mendier» un soutien accru sous forme d'avions de chasse et préparer l'opinion à accepter toujours plus de livraisons d'armes offensives à Kiev.
La visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au Royaume-Uni le 8 février, au cours de laquelle il a pu être reçu par le roi Charles III et s’exprimer devant le Parlement britannique, a suscité les railleries de l’ambassade russe à Londres, en particulier par rapport aux nouvelles demandes d’armements qu’il a formulées.
Dans un message publié sur la plateforme Telegraph, l’ambassade a ainsi évoqué «la visite précipitée du “commandant en chef” ukrainien» dans la capitale britannique et tourné en dérision «sa performance théâtrale à Westminster», qui visait selon elle «à préparer l’opinion publique occidentale aux décisions à venir, en vue de satisfaire davantage les exigences constantes et toujours croissantes du régime de Kiev».
Volodymyr Zelensky a reçu un «accueil royal» au Royaume-Uni, d’après la formule du Figaro, et est arrivé le 8 février à Westminster Hall, la plus ancienne bâtisse du Parlement britannique, avec une boîte à chapeau contenant le casque d’un «as» de l’armée de l’air ukrainienne. Après avoir été ovationné par les députés et les membres de la chambre des Lords, l’ancien comédien a joué sur les cordes sensibles des Britanniques en évoquant les pilotes «si peu nombreux» qui défendent le ciel ukrainien contre l’armée russe, faisant le parallèle avec les louanges qu’avait adressées Winston Churchill aux «quelques» pilotes de la Royal Air Force (RAF) qui avaient sauvé la Grande-Bretagne de l’invasion nazie au cours de l’été 1940.
Le président ukrainien a aussi rappelé sa dernière visite au Parlement britannique, il y a deux ans. A ce moment-là, en temps de paix, «je vous ai remerciés pour le thé délicieux», a-t-il lancé. «[Aujourd’hui], je quitterai le Parlement en vous remerciant d’avance pour les puissants avions anglais», a-t-il poursuivi, qualifiant les appareils qu’il espère recevoir de Londres d’«ailes pour la paix».
Pour l’ambassade russe, Zelensky «mendie» des armes offensives
Ces envolées ont été qualifiées par l’ambassade russe de «sollicitations pompeuses», celle-ci jugeant que Kiev faisait preuve d’«hypocrisie» en revendiquant un combat pour les valeurs de «liberté» et des «droits de l’homme», alors que l’Ukraine n’a jamais hésité à «bannir les partis d’opposition» ou à «supprimer les droits et libertés des russophones».
Qualifiant la démarche du président ukrainien de «levée de fonds», l’ambassade russe a estimé que celle-ci aurait «bien sûr été incomplète s’il n’avait pas mendié davantage d’armes», que Kiev «a depuis longtemps cessé de prétendre être simplement de nature “défensive”».
Comptant déjà parmi les principaux soutiens de Kiev, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a promis d’accroître son aide afin de «permettre une victoire militaire décisive cette année» et a annoncé avoir demandé à l’armée d’étudier la possibilité de livrer des avions à l’Ukraine. Il a cependant précisé que cette option ne pourrait constituer qu’une «solution de long terme». Rishi Sunak et Volodymyr Zelensky ont en outre signé la «déclaration de Londres» afin d’ «approfondir» la coopération entre les deux pays, a déclaré le Premier ministre britannique.
Le président ukrainien s’est ensuite envolé pour Paris, réclamant de «l’armement lourd de longue portée» au président français Emmanuel Macron et au chancelier allemand Olaf Scholz, ces deux dirigeants l’ayant assuré de leur soutien. La tournée du président ukrainien se poursuit ce 9 février, celui-ci rencontrant les dirigeants européens à l’occasion d’un sommet à Bruxelles.
De manière générale, la Russie met en garde les pays occidentaux depuis le lancement de son opération militaire en Ukraine contre les livraisons d’armements à Kiev, celles-ci présentant selon Moscou un risque d’escalade du conflit. Le 1er février encore, la présidence russe avait affirmé qu’une livraison de missiles aux autorités ukrainiennes mènerait à «un attisement des tensions, une hausse du niveau d’escalade». «Nous le voyons, cela impliquerait pour nous des efforts supplémentaires, mais ça ne changera pas le cours des événements, l’opération militaire spéciale continuera», avait déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Aux côtés de Macron et Scholz à Paris, Zelensky demande de «l’armement lourd de longue portée»