Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, des élus de la droite et du centre sollicitent un plan de sauvetage des édifices religieux situés dans les petites communes, celles-ci ayant du mal à en assurer le coûteux entretien.
A l’initiative des sénateurs et de députés Les Républicains, dont Valérie Boyer et Philippe Gosselin, 131 parlementaires ont alerté, dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat et publiée par le JDD le 18 février, sur les menaces pesant sur le patrimoine religieux de la France.
Les signataires interpellent le président de la République en soulignant que les petites églises rurales constituent «l’âme de la France» et le monument autour duquel s’organise, dans les communes de petite taille, la plupart des activités sociales, tout en étant le symbole de «la mémoire du village», qui recouvre à la fois le souvenir des guerres passées mais aussi de manifestations plus heureuses.
Ces édifices symbolisent de plus «un îlot de beauté» et «une bouffée d’oxygène, rare, si rare à notre époque où dominent le bloc et le béton». Elles représentent aussi, font valoir les élus, un «élément d’identité, et même souvent d’identification», à la fois pour les croyants et les non-croyants.
Or, ces églises sont en danger, alertent les parlementaires, rappelant que 90 % d’entre elles appartiennent aux communes, ceci en application de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, dont les dispositions sont parfois mal connues. Or les villages et villes en charge de l’entretien de ces édifices sont, dénoncent-ils, «étouffées par la prolifération des normes et des dépenses obligatoires», et en proie à de sérieuses difficultés pour assumer cette mission, malgré tout le dévouement dont peuvent faire preuve les maires.
Jusqu’à 5 000 églises menacées d’ici à 2030, alertent les signataires
Inquiets, les signataires estiment, sur la base d’un rapport sénatorial sur l’état du patrimoine religieux remis en juillet 2022, qu’«en l’absence de plan de sauvetage, entre 2 500 et 5 000 églises pourraient disparaître» d’ici à 2030. Ledit rapport, qui constatait que les litiges entre les maires et les curés étaient «extrêmement rares» s’agissant de la sauvegarde de ce patrimoine religieux, pointait en effet les difficultés financières des petites communes et l’incapacité croissante des services de l’Etat à les accompagner en termes d’ingénierie et de maîtrise d’ouvrage. Une situation regrettable alors que les édifices religieux sont «les monuments patrimoniaux les plus visités par les Français», relevaient les sénateurs.
S’appuyant sur ce constat, les signataires lancent donc à Emmanuel Macron «un appel au sursaut et à l’action» pour sauver cet «héritage plurimillénaire», comme le chef de l’Etat a su le faire «lorsque Notre-Dame de Paris fut submergée par les flammes». L’incendie de l’édifice mondialement connu avait alors déclenché une mobilisation inédite des pouvoirs publics et un afflux important de dons.
«Et chaque jour, ce sont, en moyenne, deux édifices cultuels qui sont vandalisés», ajoutent également les signataires, insistant sur le fait que les églises ne sont pas «de simples bâtiments», mais avant tout «un patrimoine partagé et vivant».
Auditionné dans le cadre du rapport du Sénat, l’animateur de télévision Stéphane Bern, chargé par Emmanuel Macron d’une mission sur le sujet et créateur du «Loto du patrimoine», avait estimé qu’environ 20 % des dépenses d’entretien et de rénovation restaient à la charge des communes. «Il n’y a pas de raison de sauver uniquement les grands monuments comme Notre-Dame», avait-il plaidé, dénonçant dans cette inégalité de traitement «une forme d’injustice antirépublicaine».
Pourquoi seulement 9% des dons promis à Notre-Dame ont-ils été versés ?