Face à une situation humanitaire de plus en plus désespérée à Gaza, où les Nations unies préviennent que la famine est «presque inévitable», des pays donateurs ont commencé à parachuter des secours. Un moyen d’acheminement de dernier recours, loin d'égaler celui par voie terrestre.
Après cinq mois de guerre, la quantité d’aide humanitaire acheminée par camions a chuté de façon drastique, et les habitants du territoire font face à de graves pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.
Des avions militaires étrangers ont commencé à y parachuter des palettes d’aide humanitaire. Des appareils jordaniens, avec le soutien de pays tels que le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas, ont pour l’instant organisé la plupart des largages. Plusieurs appareils égyptiens ont fait de même le 29 février, ainsi que des avions des Émirats arabes unis.
Imad Dughmosh, d’Al-Sabra, dans le centre de la bande de Gaza, a déclaré à l’AFP qu’il avait pu récupérer de l’eau potable et de la nourriture grâce à ces largages, mais qu’il n’y en avait pas assez pour tous ceux qui attendaient.
«En fin de compte, j’ai pu récupérer des sacs de pâtes et de fromage, mais mes cousins n’ont rien eu», a dit cet homme de 44 ans: «J’étais content d’avoir de la nourriture pour les enfants, mais ce n’est pas assez».
«La plupart de l’aide est tombée dans la mer»
Les livraisons d’aide humanitaire ont été réduites au minimum depuis le début de la guerre, le 7 octobre, après l’attaque sans précédent du Hamas contre le sud d’Israël qui a fait 1 160 morts, pour la plupart civils, selon les données officielles israéliennes. L’offensive de représailles d’Israël contre le Hamas a tué 30 228 personnes, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de ce territoire contrôlé par le Hamas.
Dans le nord de la bande de Gaza, où l’offensive israélienne a commencé, de nombreux habitants en sont réduits à manger du fourrage. Dix enfants sont déjà morts de «malnutrition et de déshydratation», a déclaré le 1er mars le ministère de la Santé.
Face à cette situation dramatique, le président américain, Joe Biden, a annoncé que les États-Unis allaient participer «dans les prochains jours» aux largages. «Dans les prochains jours, nous allons nous joindre à nos amis de Jordanie et autres en opérant des largages de nourriture et autres biens» sur Gaza, a-t-il annoncé. Un responsable américain a toutefois estimé que ces parachutages «ne pourraient être qu’une goutte d’eau dans l’océan» par rapport aux besoins.
Outre les risques liés au largage de lourds colis dans des zones surpeuplées, des habitants de Gaza ont assuré à l’AFP que de nombreuses palettes avaient fini dans la Méditerranée. «La plupart de l’aide est tombée dans la mer aujourd’hui, et les parachutes qui sont tombés les 28 et 29 février sont tous tombés dans la mer, à l’exception d’un très petit nombre», a indiqué Hani Ghabboun, qui vit à Gaza-City avec sa femme et ses cinq enfants. Selon lui, ce sont des «centaines de tonnes d’aide qu’il faudrait pour lutter contre la famine et nourrir la population».
Une aide couteuse à l’impact limité
Pour Jens Laerke, porte-parole de l’agence de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les largages aériens posent «de nombreux problèmes». «L’aide qui arrive de cette manière ne peut être qu’un dernier recours», a-t-il déclaré. «Le transfert par voie terrestre est tout simplement meilleur, plus efficace et moins coûteux».
Il a toutefois lancé un avertissement: «Si rien ne change, une famine est presque inévitable». Les Nations unies accusent les forces israéliennes de bloquer «systématiquement» l’accès à Gaza, ce qu’Israël nie.
Les organisations humanitaires, dont l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), estiment que la meilleure serait qu’Israël ouvre les points de passage frontaliers et permette aux convois de camions d’entrer et de livrer en toute sécurité.
Un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré à des journalistes que près d’un millier de camions attendaient à la frontière égyptienne. «Les parachutages sont extrêmement difficiles», a déclaré Stéphane Dujarric: «Mais toutes les options restent sur la table».
Les largages aériens peuvent également se révéler très coûteux. Pour Jeremy Konyndyk, président de l’ONG Refugees International, les parachutages ne peuvent «être utiles qu’à la marge». Un avion peut larguer l’équivalent du chargement de deux camions, mais pour un coût dix fois supérieur, a-t-il déclaré le 1er mars à la BBC.
«Plutôt que larguer de la nourriture depuis les airs, nous devrions exercer une forte pression sur le gouvernement israélien pour qu’il permette l’acheminement de l’aide par des canaux plus traditionnels, qui permettent de fournir une aide à plus grande échelle», a-t-il estimé.
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