L'Argentine du président Javier Milei a annoncé qu’elle n'adhèrera pas aux BRICS, revenant sur la démarche du gouvernement précédent de centre-gauche. Selon le sénateur russe Alexeï Pouchkov, cette décision aligne Buenos Aires sur Washington alors que le reste du monde se détourne des Etats-Unis.
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Une décision «aussi fracassante que risquée», a estimé le sénateur russe Alexeï Pouchkov sur Telegram le 30 décembre, commentant le choix de Buenos Aires de ne pas rejoindre les BRICS. Une annonce paradoxale, selon le parlementaire russe, Milei adoptant une posture pro-américaine, alors que «de plus en plus de pays préfèrent ne pas faire de choix clair en faveur des États-Unis».
Dans une lettre adressée le 29 décembre aux dirigeants des pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), Javier Milei a déclaré «que l’incorporation de la République argentine aux BRICS en tant que membre à part entière à partir du 1er janvier 2024 n’est pas considérée comme appropriée ».
«Comme vous le savez, la marque de politique étrangère du gouvernement que je préside depuis quelques jours diffère à de nombreux égards de celle du gouvernement précédent», explique Milei qui a pris ses fonctions le 10 décembre. «En ce sens, certaines décisions prises par l’administration précédente seront révisées», ajoute-t-il dans la missive publiée par plusieurs médias.
Une situation économique catastrophique
«La situation économique de l’Argentine est catastrophique», observe Pouchkov. En effet, l’inflation depuis un an atteint 160% dans le pays, et près de 40% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. «Il est très difficile de réussir dans une telle situation. Soit les États-Unis doivent inonder l’Argentine de l’argent qui leur manque pour l’Ukraine, soit le modèle choisi par le président Miley échouera aux yeux du monde entier», prévient le parlementaire russe.
A l’issue du dernier sommet BRICS en août à Johannesbourg, le bloc avait annoncé une expansion, avec l’invitation à six nouveaux pays membres de les rejoindre à partir de 1er janvier: outre l’Argentine, l’Iran, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.
Milei fustige les premiers partenaires commerciaux de l’Argentine
Mais en campagne électorale, le candidat Milei avait assuré qu’il n’adhèrerait pas aux BRICS s’il était élu, disant refuser «d’encourager des contrats avec les communistes parce qu’ils ne respectent pas les bases du libre-échange, la liberté et la démocratie; c’est de la géopolitique». Sa cheffe de la diplomatie Diana Mondino avait aussi récemment confirmé que l’Argentine renoncerait à intégrer les BRICS.
Milei, candidat ultralibéral, a eu par le passé des mots très durs envers le gouvernement chinois ou le président Lula, le qualifiant entre autres de «communiste corrompu». Même s’il a, entre les deux tours et plus encore depuis son élection, baissé de ton et posé les bases de relations diplomatiques plus apaisées avec Brasilia et Pékin, respectivement les deux premiers partenaires commerciaux de l’Argentine.
Il a néanmoins toujours maintenu qu’il considérait les Etats-Unis et Israël comme ses alliés stratégiques naturels.
Le porte-parole de la présidence argentine a expliqué vendredi 29 décembre que les lettres envoyées aux BRICS illustrent «que nous sommes dans un processus de changement de politique étrangère qui justifie une analyse beaucoup plus approfondie que celle du gouvernement précédent».
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