L'armée malienne a découvert un charnier près d'une base restituée par l'armée française. Peu avant, celle-ci a accusé le groupe privé russe Wagner d'avoir mis en scène un charnier. Moscou, de son côté, exprime son soutien à l'enquête malienne.
L’armée malienne a affirmé le soir du 22 avril avoir découvert un charnier près de la base de Gossi, dans le nord du pays. «Des dépouilles en état de putréfaction avancée ont été découvertes dans un charnier, non loin du camp anciennement occupé par la force française Barkhane», affirme l’état-major général des armées maliennes dans un communiqué.
Le ministère de la Défense a été «saisi pour l’ouverture d’une enquête en vue d’établir toute la lumière sur ledit charnier».
L’armée française avait remis le 19 avril aux forces armées maliennes les clés de la base de Gossi, qui accueillait 300 de ses soldats, dans le cadre du désengagement français du pays sahélien.
La France accuse le groupe privé Wagner d’avoir mis en scène un charnier près de Gossi
Quelques heures avant cette annonce officielle malienne, l’armée française avait accusé le groupe de sécurité privé russe Wagner de manipulation de l’information, au sujet d’un charnier près de la base de Gossi, comme le rapporte l’AFP.
L’armée française assure avoir filmé ce qu’elle affirme être des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de la base, dans le but selon elle d’accuser les Français d’avoir laissé un charnier derrière eux. «L’état de putréfaction avancée des corps indique que ce charnier existait bien avant la rétrocession. Par conséquent, la responsabilité de cet acte ne saurait nullement être imputée aux Fama [les forces armées maliennes]», selon le communiqué.
Le 19 avril, selon l’AFP, l’état-major français avait déjà prévenu s’attendre à des «attaques informationnelles» visant à décrédibiliser l’armée française à l’occasion de la rétrocession de la base de Gossi.
Confusion occidentale entre Wagner et Moscou
La décision française de se retirer militairement du Mali s’inscrit dans un contexte sécuritaire dégradé, mais aussi de tensions entre Paris et les militaires au pouvoir dans le pays, accusés par les Occidentaux d’avoir recours aux services de Wagner. Bamako dément la présence au Mali d’employés de cette entreprise de sécurité privée russe, reconnaissant en revanche celle d’instructeurs et de formateurs russes en vertu d’un accord de coopération bilatérale avec Moscou datant des années 1960.
La Russie a, sur ce thème, déploré à de nombreuses reprises la confusion de certaines chancelleries occidentales entre les activités de l’entreprise privée Wagner et celles de son administration. Le président russe Vladimir Poutine avait déclaré, en octobre dernier, avoir échangé sur ce sujet «avec [ses] collègues français, notamment avec le président Macron».
La Russie soutient la décision malienne d’enquêter «sur les circonstances du crime»
A propos de la découverte par les forces maliennes d’une fosse commune près de Gossi, le ministère de la Défense russe a déclaré, dans un communiqué : «Nous soutenons la décision des autorités maliennes d’enquêter soigneusement sur les circonstances du crime. Nous espérons que les auteurs des faits seront identifiés et subiront un châtiment. Nous nous attendons à ce que les autorités françaises contribuent par leurs actes à l’enquête sur les disparitions et meurtres des citoyens maliens.»
En outre, sans évoquer les accusations françaises visant Wagner, la Défense russe écrit qu’«étant donné que les médias français, tout comme certains fonctionnaires européens, sont enclins à rejeter sa faute sur autrui, on peut supposer que certains soient soumis à la tentation d’imprégner l’espace médiatique de thèses visant les militaires maliens dont le succès dans le nettoyage de la république de la menace terroriste irrite tellement Paris qui, elle, n’a pas su y parvenir pendant toutes les années de sa présence au Mali».
Actuellement, quelque 2 500 soldats français sont toujours déployés au Mali, et 4 600 au total dans la région sahélienne. La France a déclaré qu’elle ne comptait pas cesser son combat contre les forces djihadistes locales et souhaitait travailler avec les pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest, pour lutter contre cette menace.
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