En marge du Conseil économique suprême eurasien, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé, selon RIA Novosti, s'être entendu avec le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliev sur la reconnaissance mutuelle de leur intégrité territoriale.
Vers la fin d’un conflit territorial vieux de trois décennies ? Ce 25 mai au Kremlin, où se tenait un Conseil économique suprême eurasien, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont entendus sur la reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale de l’autre, a rapporté l’agence RIA Novosti. Une annonce faite par Nikol Pachinian lui-même et qui ouvre la voie à un retour du Haut-Karabagh dans le giron de Bakou.
Ilham Aliev a ajouté que son pays n’avait aucune revendication territoriale à l’égard de l’Arménie. «Il y a une possibilité de parvenir à un accord de paix entre Bakou et Erevan, d’autant plus que l’Arménie a officiellement reconnu le Karabagh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan», a déclaré le président azerbaïdjanais en marge du sommet, cité par RIA Novosti.
Une issue pressentie depuis que Nikol Pachinian avait déclaré lors d’une conférence de presse le 22 mai que l’Arménie «reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan» – territoire «de 86 600 kilomètres carrés» qui «comprend le Haut-Karabagh» –, à condition toutefois que la sécurité de sa population arménienne soit assurée.
Cette première affirmation inédite avait vivement fait réagir à Stepanakert, capitale de la République autoproclamée du Haut-Karabagh. Son Parlement a ainsi fustigé, dans la foulée, cette déclaration du Premier ministre arménien, estimant qu’elle violait «grossièrement» la déclaration d’indépendance ainsi que la Constitution de l’Arménie.
Inquiétudes dans l’«Artsakh»
«L’Artsakh n’a pas fait et ne fera pas partie de l’Azerbaïdjan, car telle est la volonté de notre peuple», a déclaré le 23 mai Arayik Haroutiounian, le dirigeant du Haut-Karabagh [aussi nommé Artsakh], plateau montagneux majoritairement peuplé d’Arméniens et qui a déclaré son indépendance vis-à-vis de Bakou à la chute de l’URSS. Lors de cette allocution télévisée d’une vingtaine de minutes, Arayik Haroutiounian a appelé les Arméniens «à prouver activement et de manière décisive que l’Artsakh ne peut pas être reconnu comme faisant partie de l’Azerbaïdjan.»
Le dirigeant s’est également directement adressé au président russe Vladimir Poutine, l’enjoignant de s’en tenir «dans l’intérêt du peuple d’Artsakh et des intérêts de la Fédération de Russie, ainsi que de l’amitié séculaire des peuples arménien et russe», aux accords tripartites signés entre Moscou, Erevan et Bakou.
Nikol Pachinian avait par ailleurs menacé de quitter l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par Moscou, si la Russie échouait à «remplir ses obligations», à savoir garantir la sécurité des Arméniens.
En un peu plus de 30 ans, ces deux voisins du Caucase se sont affrontés au cours de deux guerres. La dernière, en 2020, s’est soldée par une écrasante victoire de l’Azerbaïdjan qui a repris d’importants territoires dans et autour du plateau. Moscou a obtenu des adversaires un cessez-le-feu, mais des affrontements éclatent régulièrement dans cette région ainsi qu’à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
L’Arménie prête à reconnaître la cession du Haut-Karabagh à l’Azerbaïdjan, sous conditions