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L’Assemblée nationale rejette à une voix près le repas à un euro pour tous les étudiants

La proposition de loi portée par les socialistes pour lutter contre la précarité étudiante n'a pas été adoptée, la majorité et les Républicains ayant battu le rappel de leurs troupes pour contrer l'addition des voix de la gauche et du RN.

L’Assemblée nationale a rejeté ce 9 février d’extrême justesse un texte des députés socialistes proposant l’accès à des repas à un euro pour tous les étudiants, un tarif aujourd’hui réservé aux boursiers et précaires.

Le sort de cette proposition de loi, examinée en première lecture, s’est joué à une voix (183 «pour», 184 «contre»), après que le camp présidentiel, hostile à cette mesure, a battu in extremis le rappel des troupes pour le vote final. Sept députés LR ont également voté contre, tandis que quatre se sont abstenus.

Soutenu par toute la gauche, le texte avait également reçu l’appui des députés du groupe du Rassemblement national, qui s’était dit favorable à «une solution transpartisane pour soutenir nos étudiants en souffrance», plaçant la majorité dans une position difficile.

Des premiers votes victorieux sur des amendements laissaient entrevoir un possible succès, avant que le camp présidentiel ne mobilise ses députés pour le vote final. Le groupe Renaissance, de la même manière que celui des Républicains, a joué la montre pour permettre à plusieurs de leurs députés de revenir dans l’hémicycle, et ainsi rejeter de justesse la proposition de loi dans son ensemble, comme l’a souligné le journaliste du Figaro Wally Bordas présent sur place.

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«Je suis déçue, à une voix près le repas universel à un euro était inscrit dans la loi, mais c’est surtout les étudiants qui vont être déçus aujourd’hui», a déclaré la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, qui portait ce texte dans le cadre de la niche parlementaire réservée à son groupe. «La majorité s’est applaudie lorsqu’elle a fait tomber cette proposition de loi juste, pour que tous les étudiants puissent manger à leur faim. Je crois qu’ils ne sortent pas grandis de cet épisode», a réagi dans une vidéo publiée dans la foulée par le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, aux côtés de sa collègue.

«Entre la précarité étudiante et les riches, la macronie a fait son choix», a fustigé le jeune député Insoumis Louis Boyard, très investi sur les questions des conditions de vie des étudiants.

Sur un ton tout aussi virulent, le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a qualifié les députés de la majorité de «parti des riches et du mépris», mettant en perspective son refus d’étendre les repas à prix modique avec les 100 millions d’euros d’aides versées aux entreprises, «sans contrepartie» selon lui.

«Plus de 40% des étudiants en France, parfois, renoncent à un repas par jour pour des raisons financières», a rappelé la députée RN Caroline Parmentier, regrettant qu’un «texte de consensus» ait été rejeté «honteusement» par «la macronie, aidée de ses alliés LR». Ces derniers n’ont «décidément pas une once de fibre sociale», a-t-elle blâmé dans un autre message.

Les députés macronistes ont combattu la mesure en la jugeant «injuste», insistant sur le fait qu’elle aurait bénéficié aussi à des étudiants de milieux aisés. «Grâce à vous, les enfants de votre ami Bernard Arnault pourront aller au Crous et ne payer qu’un euro», a ainsi plaidé le député Renaissance Sylvain Maillard. Du côté des Républicains, Alexandre Portier avait plaidé pour qu’un accès au tarif d’un euro soit conditionné à un engagement de «travailler deux heures par semaine au service d’une collectivité locale».

La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a plaidé contre la mesure, dont elle a estimé le coût à au moins «90 millions d’euros», tout en rappelant l’existence de tarifications sociales des repas pour «les étudiants en difficulté».

L’accès à des repas à un euro est en ce moment réservé dans les restaurants universitaires aux étudiants boursiers ou en situation de précarité. Le dispositif avait été provisoirement élargi à tous les étudiants en 2021 pendant la pandémie de Covid-19, qui avait aggravé la précarité de nombre d’entre eux.

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