L'eurodéputé du RN Thierry Mariani et l'ex sénateur centriste Yves Pozzo di Borgo seraient au cœur de deux enquêtes pour soupçons de corruption visant le Dialogue franco-russe. L'élu souligne la transparence de l'association.
Deux enquêtes sont en cours à Paris depuis 2021, pour des soupçons de corruption et de trafic d’influence d’une part et d’abus de confiance et blanchiment d’autre part, visant l’association Dialogue franco-russe, a-t-on appris le 24 octobre au parquet de Paris, confirmant une information du Monde.
Selon une source proche de l’enquête, l’eurodéputé RN Thierry Mariani, qui copréside l’association depuis 2012, et Yves Pozzo di Borgo, ancien sénateur centriste, membre de l’association et président d’une société de conseil, seraint au centre des investigations.
Les deux enquêtes préliminaires, toujours en cours, ont été ouvertes le 29 septembre 2021 à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule de renseignements financiers de Bercy, en mai 2021, selon le parquet.
Les investigations, confiées à l’Office central de lutte contre la corruption (Oclciff), «auront pour objectif premier de déterminer la réalité des faits dénoncés», a précisé la même source.
Thierry Mariani et Yves Pozzo di Borgo auraient bénéficié, selon Le Monde, de voyages financés par la Russie et la justice chercherait, selon une source proche du dossier, à savoir dans quelle mesure ces cadeaux auraient pu servir de contreparties à des prises de position favorables à la Russie.
L’une des sources judiciaires du Monde admet toutefois qu’il pourrait être «impossible de prouver la commission de délits». Le basculement dans l’illégalité apparaît complexe à prouver, puisqu’il suppose notamment un «pacte de corruption», à savoir un lien de cause à effet entre un financement et une contrepartie.
L’association Dialogue franco-russe a été créée en 2004 sous le patronage des présidents Jacques Chirac et Vladimir Poutine. Elle se présente comme «un instrument privilégié de communication entre les milieux politiques, économiques et culturels des deux pays» et se donne pour objectif de «contribuer à l’approfondissement des relations stratégiques et du partenariat privilégié entre la France et la Russie»”.
Pour Thierry Mariani, les comptes de l’association sont «transparents»
Contacté par l’AFP, Thierry Mariani a déclaré «tomber des nues» en affirmant «avoir découvert par la presse l’existence de ces enquêtes».
Il a relevé que «le signalement de Tracfin était intervenu un mois avant les (élections) régionales» auxquelles il était candidat et que cela faisait «un an et demi» que des enquêtes étaient menées sans qu’il le sache. L’élu a annoncé qu’il écrirait aux «autorités» pour demander à «être entendu», afin de «savoir de quoi il retournait».
Le député européen a évoqué une «perquisition» dans les locaux de l’association, mais, a-t-il dit, les enquêteurs s’intéressaient au «directeur».
Thierry Mariani a affirmé en outre que les comptes de l’association étaient «transparents et contrôlés». «Je n’ai jamais perçu de rétribution» du Dialogue franco-russe et «je ne détiens aucune action dans une entreprise russe», a-t-il poursuivi.
«Je m’intéresse à la Russie depuis que j’ai appris le russe dans une école militaire. Chaque fois que je suis allé en Russie, j’ai déclaré mes voyages au Parlement européen. C’est transparent, on voit très bien qui paie,» a déclaré Thierry Mariani au Monde. « Si je soutiens [Dialogue franco-russe] et que j’en reste le président malgré toutes les emmerdes que ça peut me créer, c’est que je reste persuadé qu’on a intérêt à renouer au plus tôt des relations saines et paisibles avec la Russie », a-t-il de surcroît conclu dans les colonnes du quotidien du soir. Aussi a-t-il ajouté auprès de l’AFP que l’association, faute de cotisations, avait «rendu les clés du local» qu’elle occupait.
Sollicité par l’AFP, Yves Pozzo di Borgo n’a pas souhaité réagir.
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