Le Comité international olympique a recommandé la réintégration des athlètes russes et biélorusses aux compétitions internationales, à certaines conditions qui ont été jugées discriminatoires par le Comité olympique russe.
Le Comité international olympique (CIO) a recommandé le 28 mars la réintégration des sportifs russes et biélorusses aux compétitions internationales, à condition que ce soit sous bannière neutre et «à titre individuel», mais aussi qu’ils n’aient pas activement soutenu l’intervention militaire russe lancée en Ukraine en février 2022 et ne soient pas sous contrat avec l’armée ou les agences de sécurité. En outre, le CIO décidera «au moment approprié» de leur participation ou non aux JO 2024 de Paris. C’est ce qu’a annoncé à la presse Thomas Bach, le patron du Comité.
Des critères «inacceptables» et «discriminatoires» pour le Comité olympique russe
Le Comité olympique russe (ROC), qui avait réclamé une réintégration sans conditions, a dénoncé les critères «inacceptables» et «discriminatoires» de cette réintégration partielle des sportifs de son pays. Dans un communiqué le 28 mars, le ROC a déploré «l’exclusion des compétitions internationales des athlètes russes membres d’organisations militaires et des forces de l’ordre ou ayant des relations contractuelles avec elles».
Le Comité olympique russe estime que ce sont «des sanctions discriminatoires flagrantes, comme l’a explicitement déclaré l’autre jour madame la rapporteuse spéciale des Nations unies dans le domaine des droits culturels Alexandra Xanthaki». Le ROC ajoute que ce critère excluant certains athlètes russes a pour but d’attiser «un conflit interne dans le sport russe». «Il a pour objectif direct de provoquer une division dans la communauté des athlètes russes, de les diviser entre ceux qui sont tolérés et ceux qui ne le sont plus, et plus seulement sur la base de leur nationalité, afin de nuire à l’ensemble de l’industrie sportive russe», écrit dans son communiqué le Comité olympique russe.
Le 29 mars, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a en outre affirmé que les autorités russes continueraient à «défendre les intérêts [des] athlètes [russes] de toutes les manières possibles et poursuivrons les contacts avec le CIO pour protéger [leurs] intérêts».
Polonais, Tchèques et Allemands opposés à un retour des sportifs russes
Du côté des alliés de Kiev, des hauts responsables ont également exprimé leur indignation face à la perspective de réintégration de sportifs russes, même largement conditionnée.
«Que s’est-il passé de positif du côté de la Russie pour que ses sportifs participent à des compétitions !! Depuis Boutcha, Irpin, Gostomel !! Depuis les bombardements quotidiens des sites civils !! C’est un jour de honte pour le CIO !!», a écrit sur Twitter Piotr Wawrzyk, vice-ministre polonais des Affaires étrangères.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Lipavsky s’est lui aussi dit «déçu par la recommandation du CIO». «Nous ne devons pas fermer les yeux face à la réalité. Le sport russe est sous le contrôle du Kremlin. Le régime russe ne sait pas ce qu’est le fair-play et ses athlètes n’ont pas leur place aux Jeux olympiques», a-t-il tweeté.
La ministre allemande des Sports a, de même, estimé que le retour des bannis était «une gifle aux sportifs ukrainiens». «Le sport international doit condamner en toute clarté la guerre d’agression brutale menée par la Russie. Cela ne peut se faire qu’en excluant complètement les athlètes russes et biélorusses», a jugé dans un communiqué Nancy Faeser. Le Comité olympique allemand a en outre rappelé qu’il était toujours opposé à leur réintégration.
Le ministre ukrainien des Sports a quant à lui exprimé sa satisfaction face au report de la décision du CIO sur l’intégration des Russes et des Biélorusses aux Jeux olympiques en 2024. Le ministre a dit vouloir «travailler» pour qu’aucun athlète «patriotique» russe «ne puisse entrer dans les arènes sportives internationales».
Pressé de clarifier sa position, le CIO avait annoncé en décembre dernier «explorer des moyens» de ramener les Russes et Biélorusses dans le giron du sport mondial, après avoir recommandé leur exclusion fin février 2022 en raison de l’offensive militaire de l’Ukraine par l’armée russe, la Biélorussie, alliée de la Russie, étant accusée de soutenir l’opération russe, bien qu’elle n’y participe pas. Après quatre mois de consultations avec l’ensemble du monde olympique, l’instance de Lausanne a choisi de laisser aux fédérations internationales et organisateurs de compétitions la responsabilité première d’inviter ou pas les sportifs des deux pays, se contentant de «recommandations» pour «harmoniser leur approche».
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