Le Front national, devenu Rassemblement national, est accusé d'avoir été une «courroie de transmission» du pouvoir russe, selon les conclusions du rapport sur les ingérences étrangères rédigé par une élue Renaissance.
C’est un rapport «malhonnête» et «politisé», a riposté Marine Le Pen, alors que le Front national s’est de nouveau vu accuser par ses détracteurs d’avoir été une courroie de transmission de Moscou.
Des extraits du rapport parlementaire sur les ingérences étrangères, rédigé par la députée Renaissance Constance Le Grip, ont fuité le 1er juin sur RMC et Mediapart. L’élue macroniste insiste sur «l’alignement» du FN sur le «discours russe» au moment, selon ses termes, de «l’annexion illégale» de la Crimée en 2014, l’année pendant laquelle le parti a contracté un prêt auprès d’une banque tchéco-russe.
C’est le RN qui avait lancé cette commission d’enquête parlementaire, censée désamorcer les accusations régulières sur le sujet. Les élus du RN, dont le président de la commission Jean-Philippe Tanguy, ont voté contre le rapport, adopté par 11 voix contre cinq, selon une source parlementaire.
Le FN accusé d’être aligné sur le «discours russe»
LFI s’est abstenu. Le rapport évoque «a minima une désinvolture coupable» du RN à l’égard de la Russie, mais il n’est pas «exhaustif» sur l’influence d’autres Etats en France, a estimé l’Insoumis Aurélien Saintoul.
Lors d’une conférence de presse dans le Pas-de-Calais, Marine Le Pen a balayé les conclusions qu’elle a comparées à «un procès politique». «Il n’y a rien, en fait», a-t-elle poursuivi, en estimant que le rapport était «à l’image de la rapporteure, c’est-à-dire sectaire, malhonnête et tout à fait politisé».
Marine Le Pen avait été auditionnée la semaine dernière par cette commission. Sous serment, elle avait récusé toute contrepartie politique en échange du prêt russe contracté par l’ex-Front national, alors qu’elle s’était refusé à condamner le rattachement de la Crimée à la Russie quelques mois plus tard.
Marine Le Pen conteste la moindre influence
«Je conteste formellement avoir pris quelque décision que ce soit pour faire plaisir à quiconque», avait-elle expliqué, en faisant valoir que «l’arrivée ou non d’un prêt n’a pas changé d’un iota les opinions qui étaient les nôtres depuis toujours».
Sur le fond, «je considérais que librement, les habitants de Crimée s’étaient exprimés par le vote pour être rattachés à la Russie», avait lâché la présidente des députés RN.
Le 1er juin, elle a estimé que ses adversaires politiques «reprochent (au RN) de penser différemment» d’eux, en affirmant que «le rapport parle à peine du prêt sur lequel toute la campagne de diffamation et de calomnie a pourtant été construite, parce que l’ensemble des autorités qui ont été interrogées ont indiqué qu’il n’y avait rien».
Après la fuite des extraits du rapport, le député EELV Julien Bayou a évoqué «un fisaco» qui «revient dans les dents» du RN. «La commission accable le clan Le Pen: ce n’est que justice pour ces patriotes de salon, complices des ennemis de la République», a pour sa part commenté son collègue Renaissance Sacha Houlié.
Auditionnée à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen répète que la Crimée est bien russe