Le bureau du Hamas au Liban a lancé un appel pour recruter de nouveaux membres au sein des «avant-gardes du Déluge d'Al-Aqsa», en vue de «libérer Jérusalem et la mosquée bénie d’Al-Aqsa». Cet appel à la mobilisation a toutefois été critiqué par les partis chrétiens libanais qui craignent de voir le pays du Cèdre sombrer dans une guerre.
Alors que le mouvement islamique est en guerre contre l’armée israélienne à Gaza depuis le 7 octobre, la branche du Hamas au Liban a lancé un appel le 4 décembre à la population palestinienne résidant au pays du Cèdre à rejoindre la brigade des «avant-gardes d’Al-Aqsa».
«Nous appelons le peuple palestinien, la jeunesse et les hommes héroïques à rejoindre les avant-gardes de la résistance […] et de participer à façonner l’avenir de leur peuple, à «libérer Jérusalem et la mosquée bénie d’Al-Aqsa», rapporte le site qatari Al-Jazeera, qui cite le communiqué du mouvement islamiste.
400 000 Palestiniens au Liban
Le bureau du Hamas au Liban précise également que la création de cette brigade «s’inscrit dans la continuité de ce que l’opération Déluge d’Al-Aqsa a réalisé».
La présence palestinienne au Liban s’élève à environ 400 000 personnes, résidant dans 12 camps de réfugiés implantés aux quatre coins du pays. Les Palestiniens habitant au Liban appartiennent à différentes obédiences politiques, à l’instar du Fatah ou des mouvements islamistes.
L’implantation du Hamas au pays du Cèdre date de 1992 lors de l’expulsion de centaines de Palestiniens du mouvement, dont Ismaël Haniyeh, l’actuel chef du bureau politique du Hamas, dans le camp de Marj el-Zohour au Sud-Liban. Les contacts avec le Hezbollah se sont renforcés depuis malgré une divergence notable sur la question du conflit syrien. Les premières années de la guerre, le Hamas avait pris fait et cause pour l’opposition syrienne.
Aujourd’hui, Ahmed Abdul-Hadi, chef du bureau politique du Hamas à Beyrouth, coordonne ses actions avec le parti chiite libanais. En effet, depuis le 7 octobre, le Hezbollah et les factions palestiniennes tirent des roquettes sur le territoire israélien.
Les partis chrétiens craignent le pire pour le Liban
Cet appel à la mobilisation ne fait pas consensus au sein de l’échiquier politique libanais qui craint de voir le pays du Cèdre devenir un théâtre d’affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne. Le chef de file du parti chrétien du Courant patriotique libre Gebran Bassil a d’ailleurs indiqué le 4 décembre sur X (ex-Twitter) que des attaques «provenant du territoire libanais» seraient considérées comme «une attaque contre la souveraineté nationale».
Le gendre de l’ancien président libanais Michel Aoun précise qu’il y a un consensus sur «l’annulation de l’accord du Caire qui légitimait les actions armées menées par les Palestiniens du Liban depuis 1969» ainsi que sur «l’accord de Taëf en 1990 sur la nécessité de désarmer les Palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur des camps».
Même son de cloche du côté de l’autre mouvement chrétien des Forces libanaises. Le Liban «ne tolérera pas l’empiétement du Hamas sur sa souveraineté et la destruction globale qu’il entraînera sur nous», a averti un député du parti, Ghiyath Yazbek, sur la plateforme X ce 5 décembre.
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