Le Haut-Karabagh est le 30 septembre presque entièrement déserté de ses habitants arméniens après la victoire éclair de Bakou, avec plus de 100 000 réfugiés ayant fui en Arménie.
«100 417 personnes» sont maintenant «entrées en Arménie» depuis la capitulation du 20 septembre, selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre arménien, soit plus de 80% des 120.000 Arméniens qui vivaient officiellement dans l’enclave avant l’offensive azerbaïdjanaise.
«Il reste quelques centaines de fonctionnaires, d’urgentistes et de personnes ayant des besoins spéciaux, qui se préparent également à partir», a écrit sur X (ex-twitter) l’ancien médiateur des droits du Karabagh, Artak Beglarian, précisant que ces informations ne sont «pas officielles».
Dans la ville la plus proche de Goris, des centaines de réfugiés attendent sur la place centrale, au milieu de leurs bagages, qu’on leur propose un hébergement.
600 morts à déplorer
L’ONU a annoncé avoir reçu le feu vert pour l’envoi ce week-end d’une mission dans le territoire afin d’évaluer principalement les besoins humanitaires, alors que l’organisation n’a pas eu accès à cette région «depuis environ 30 ans».
Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l’offensive militaire victorieuse de Bakou. Les combats eux-mêmes ont tué environ 200 soldats dans chaque camp.
L’enclave a décrété jeudi 28 septembre la dissolution spectaculaire «de toutes les institutions gouvernementales (…) au 1er janvier 2024», une annonce historique signant la fin de l’existence de «la République du Nagorny Karabakh» autoproclamée il y a plus de trois décennies.
Ses habitants paniqués ont quitté leur foyer par peur de représailles en brûlant leurs effets personnels avant de s’engager dans la colonne des réfugiés de tous âges.
Peur des arrestations
Cette peur est nourrie, selon Erevan, par une série d’«arrestations illégales», bien que les autorités azerbaïdjanaises se soient engagées à permettre de partir aux rebelles qui rendraient leurs armes. Plusieurs responsables de l’enclave ont été placés en détention, accusés de «terrorisme» et d’autres crimes, à l’image de l’ancien responsable des affaires étrangères David Babaïan ou de Rouben Vardanian, ancien chef du gouvernement autoproclamé du Haut-Karabagh, arrêtés les 28 et 29 septembre.
Le flux chaotique a ravivé les accusations d’un «nettoyage ethnique», Erevan ayant lancé un nouvel appel à la Cour internationale de justice (CIJ), réclamant des mesures urgentes pour protéger les habitants de l’enclave.
Et les opposants au Premier ministre Nikol Pachinian, jugé responsable de la débâcle, ont prévu d’organiser un rassemblement samedi à 13H00 GMT après avoir mis en sourdine ces derniers jours leurs critiques pour accueillir les réfugiés. Erevan rejette la faute sur la Russie, une alliée traditionnelle censé garantir depuis 2020 le plein respect du cessez-le-feu et qui n’est pas intervenue selon l’Arménie.
Moscou, de son côté, a indiqué que le cessez-le-feu avait été obtenu par les forces de maintien de la paix russes dès le 20 septembre, 24 heures après le début de l’offensive éclair des troupes azerbaïdjanaises. Le Kremlin rapporte de surcroît avoir demandé à Bakou de respecter les droits et la sécurité de la population arménienne du Karabagh. La diplomatie russe a par ailleurs reproché le 25 septembre à Nikol Pachinian de «tenter de se dégager de la responsabilité des échecs de la politique intérieure et étrangère, en rejetant la faute sur Moscou», dans une déclaration fustigeant des «attaques inacceptables contre la Russie».
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