En l'espace d'une semaine, l'armée libanaise a refoulé près de 1 200 Syriens qui tentaient d’entrer au Liban. En plus d'une crise économique et politique, le pays du Cèdre doit gérer environ 1,5 million de réfugiés syriens sur son sol.
L’armée libanaise a annoncé dans un communiqué publié ce 7 septembre avoir refoulé 1 200 Syriens en l’espace d’une semaine.
Pays limitrophe de la Syrie, le Liban est historiquement un lieu d’émigration pour les Syriens souhaitant travailler dans le secteur tertiaire et notamment les banques. Plusieurs centaines de milliers de Syriens vivaient sur le territoire libanais avant la guerre civile de 2011. Une fois que le conflit a éclaté, une vague migratoire a déferlé sur le Liban.
Le nombre de réfugiés syriens au Liban est estimé entre 1,5 et 2 millions, le tout pour une population de 5 millions d’habitants. Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), qui en recense un peu plus de 830 000, il s’agit du plus haut ratio de réfugiés par habitant au monde.
La peur d’un changement démographique au Liban
Compte tenu de la pacification du conflit sur le territoire syrien, et face à la crise économique, aux pénuries, à l’inflation galopante et à l’insolvabilité du secteur bancaire qui frappent le pays du Cèdre, l’animosité des Libanais à l’encontre des Syriens s’accroît. Un ressentiment notamment suscité, aux yeux de certains Libanais, par l’aide financière apportée aux réfugiés syriens par les organisations humanitaires internationales.
Depuis plusieurs mois, les autorités libanaises alertent sur la crise migratoire. En juin, le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib avait tiré la sonnette d’alarme auprès des instances européennes pour que le Liban ne devienne pas un «immense camp de réfugiés». En avril, le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar a mis en gardecontre «les dangereux changements démographiques» qui feront des Libanais «des réfugiés dans leur propre pays».
S’inquiétant d’une «rhétorique anti-réfugiés» prenant de l’ampleur dans le pays, Amnesty International et d’autres organisations nationales et internationales avaient appelé début mai à la fin des «expulsions sommaires» de réfugiés syriens. Celles-ci estimaient que les réfugiés étaient les «boucs émissaires» d’autorités libanaises ayant «géré la crise économique en dépit du bon sens». Un appel survenant dans la foulée de l’évacuation forcée de plusieurs dizaines de familles syriennes par l’armée libanaise.
De l’autre côté de la frontière, l’économie syrienne demeure exsangue après 12 ans de conflit. Près de 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon le HCR, et l’inflation ne cesse d’accélérer. Une situation qui perdure en raison du maintien des sanctions financières américaines.
Le Drian donne des devoirs aux partis politiques libanais avant son déplacement en septembre