Chroniques

Afrique : l’utilisation malveillante des réseaux sociaux menace le continent d’une guerre majeure

Les technologies de l’information sont devenues un outil puissant pour provoquer des conflits armés sur le continent africain.

Cet article a été initialement publié sur RT International par Konstantin Pantserev, professeur à l’Université d’État de Saint-Pétersbourg.

La paix et la sécurité demeurent l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les pays africains et un obstacle au développement durable du continent. Les manifestations en Afrique varient en nature et en intensité. Dans certains États, elles ont dégénéré en guerres civiles prolongées. Dans d’autres, le bilan a été moins meurtrier.

Toutes les guerres sur le continent africain peuvent être réparties dans les quatre catégories suivantes :

  • Conflits interethniques dus au fait que pratiquement tous les États africains, à quelques exceptions près, sont multiethniques et que les peuples vivant sur leurs territoires sont confrontés à des contradictions qui trouvent leur résolution dans la force des armes.
  • Conflits frontaliers causés par le fait que dans la plupart des pays africains les frontières nationales ne respectent pas les habitats des populations en séparant des tribus et des nationalités, parce que lors de la division de l’Afrique, les colonisateurs européens n’ont pas tenu compte des frontières qui existaient à l’époque entre les territoires des différents peuples.
  • Conflits religieux liés à la montée du fondamentalisme et de l’extrémisme islamiques.
  • Conflits socio-économiques car de nombreux pays d’Afrique connaissent des problèmes socio-économiques qui suscitent des protestations croissantes.

Les technologies de l’information, notamment les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, représentent un outil puissant capable d’attiser des conflits armés dans pratiquement n’importe quel pays du continent.

Par exemple, les réseaux sociaux peuvent servir de moyen de communication commode entre les manifestants. Ainsi, au Cameroun, le conflit entre les régions francophones et anglophones a connu une forte escalade en 2016. Par conséquent, le 1er octobre 2017, la République fédérale d’Ambazonie a déclaré son indépendance et nommé un gouvernement intérimaire que les autorités centrales du Cameroun ont, sans surprise, refusé de reconnaître.

«Les médias sociaux ont joué un rôle important dans le déclenchement de ce conflit»

Il convient de noter que les médias sociaux ont joué un rôle important dans le déclenchement de ce conflit car le gouvernement de transition les a beaucoup utilisés pour promouvoir l’indépendance et pour entretenir des liaisons avec ses partisans à l’extérieur du Cameroun. Pour tenter de limiter l’utilisation de ces technologies, l’accès à internet dans le pays a été restreint pendant six mois.

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Les groupes terroristes en Afrique intègrent très activement, eux aussi, les technologies de pointe dans leurs activités quotidiennes, d’où le concept du «terrorisme 2.0». Boko Haram, par exemple, se sert activement de drones à des fins de surveillance, ces drones étant plus avancés que ceux qu’utilise le gouvernement. Al-Shabaab utilise les médias sociaux pour propager ses messages. Par conséquent, le groupe a été accusé de «terrorisme sur Twitter» et d’incitation à la haine, ce qui a entraîné la fermeture d’un certain nombre de ses comptes Twitter.

Autre cas également très intéressant, l’Afrique du Sud. Une vague d’émeutes xénophobes y a éclaté en septembre 2019 après que des chauffeurs de camion se sont mis en grève pour protester contre l’emploi d’étrangers. Bien qu’aucun ressortissant nigérian n’ait été blessé à la suite de ces émeutes, de nombreuses fausses vidéos et images d’attaques, de meurtres et d’expulsions massives commis prétendument à l’égard de Nigérians est rapidement apparue sur les médias sociaux.

À cause de la diffusion de ces faux documents, le Nigeria a rappelé sa délégation d’une importante conférence internationale en Afrique du Sud et a annoncé l’évacuation de ses citoyens du pays. Cette décision a incité le gouvernement sud-africain à présenter ses excuses officielles au Nigeria pour les prétendues attaques xénophobes ayant attisé les tensions entre les deux pays, et à assurer à ses homologues nigérians que toute atteinte à toute entreprise appartenant à un Nigérian ferait l’objet d’une enquête approfondie.

L’utilisation malveillante des technologies de pointe pour fomenter des conflits interétatiques dans une région où de nombreux pays ont des différends et des revendications les uns envers les autres constitue une grave menace pour la sécurité internationale.

De tels affrontements sont susceptibles de dégénérer en un nouveau conflit armé de grande ampleur sur le continent.

 

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