L'humoriste controversé Dieudonné, qui a présenté deux jours plus tôt ses excuses à la communauté juive dans un magazine israélien, confirme sa démarche qu'il dit être philosophique et spirituelle. Son ton malicieux et amusé peut prêter à confusion.
La démarche en a surpris plus d’un. Le 10 janvier, l’humoriste controversé Dieudonné M’Bala M’Bala, condamné plusieurs fois pour des injures à caractère antisémite et des propos négationnistes, présentait ses excuses à la communauté juive dans une lettre publiée par Israël Magazine, déclenchant une foule de spéculations sur sa sincérité.
Dans une vidéo de 19 minutes postée sur son site Quenel+ le 12 janvier, Dieudonné, face caméra, s’explique. Sur un ton narquois tout du long, il tient un discours qui se veut emprunt de philosophique et de spiritualité chrétienne. «Le pardon est le chemin le plus rapide vers l’autre, vers la paix», dit-il.
Allez Alain ! encore un pas ! demande pardon à Israël Magazine ! Qu’est-ce que ça peut foutre ?
Coutumier des provocations et familier des tribunaux, l’humoriste assure ne s’être jamais senti «aussi courageux qu’aujourd’hui, aussi digne, droit dans [ses] bottes». «Je suis spectateur de mon propre panache que je trouve incommensurable, immense. Et ce panache, nous l’avons tous. C’est ça qui est extraordinaire avec le pardon», plaide-t-il.
Citant ceux parmi ses soutiens qui se sont indignés de sa démarche, Dieudonné s’attarde sur le communiqué de son «ami», le polémiste Alain Soral, également condamné pour injures et provocation à la haine.
«Le credo nous oblige à pardonner à nos ennemis et à demander pardon à Dieu, pas à Israël Magazine !» écrit Alain Soral à propos des excuses de Dieudonné. «Alain s’arrête en chemin […] je l’encourage aujourd’hui à faire un pas supplémentaire», lui répond Dieudonné. «Accorder son pardon à l’ennemi […] je trouve ça extraordinaire, demander pardon à Dieu, c’est admirable, c’est fantastique, mais c’est encore facile, Alain, ça reste concevable, accessible à notre orgueil. Mais demander pardon à l’adversaire demande un effort supplémentaire. C’est parvenir à dépasser son ego pour se livrer entre les bras de l’éternel», développe Dieudonné.
«Allez Alain ! encore un pas ! demande pardon à Israël magazine ! qu’est-ce que ça peut foutre ?» conclut-il en invitant son ami à l’accompagner «dans cet ultime combat contre cette arrogance qui ronge le monde, qui nous ronge tous. Osons nous dépouiller des oripeaux de l’ego».
Dieudonné : «Je demande à Israël de demander pardon à la Palestine, à la Palestine de demander pardon à Israël»
Dieudonné dit ensuite vouloir interpeller une série de personnalités politiques ou de pays adversaires à travers le monde pour qu’ils adhèrent à sa philosophie : «J’ai envie de m’adresser à Vladimir Poutine que je crois très proche de la parole de Jésus Christ, de lui dire : au nom de Jésus, demandez pardon à l’Ukraine et je m’adresse à Zelensky, je dis demandez pardon à la Russie, au peuple russophone du Donbass […] Je demande à Israël de demander pardon à la Palestine, à la Palestine de demander pardon à Israël. Demander pardon et retrouver le lien qui nous manque aujourd’hui dans ce monde.»
Voulant dissiper les doutes de ceux qui questionnent la sincérité de sa démarche, Dieudonné conclut son discours en assurant qu’il se sent «extrêmement libre», «digne», en phase avec ce qu’il «pense profondément». «Donc pardonnez vous aussi, vous verrez c’est magique», assure le comique sur un ton amusé, quelque peu déroutant.
Depuis 20 ans au cœur de polémiques liées à des propos et sketchs jugés antisémites, l’humoriste franco-camerounais s’est vu interdire l’accès à de nombreuses salles de spectacle, bannir des réseaux sociaux et a été condamné pour ce motif à plusieurs peines. La justice a aussi rendu plusieurs décisions à son encontre dans des affaires d’injures proférées envers des fonctionnaires et des élus, dont le maire de Nice Christian Estrosi. Il a également été condamné pour avoir détourné plus d’un million d’euros de recettes non comptabilisées de ses spectacles.
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