Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a demandé à Joe Biden d'en «terminer avec l'oubli, l'abandon, le dédain envers l'Amérique latine et les Caraïbes» et d'ouvrir une nouvelle étape égalitaire dans les relations interaméricaines.
En marge du sommet dit des «trois amis» qui réunit les dirigeants étasunien, canadien et mexicain à Mexico, le président Andrés Manuel Lopez Obrador (surnommé «Amlo») a demandé à Joe Biden d’en finir avec « cet oubli, cet abandon, ce dédain envers l’Amérique latine et les Caraïbes», lors d’une rencontre bilatérale le 9 janvier.
«Président Biden, vous avez la clé pour ouvrir et améliorer substantiellement les relations entre tous les pays du continent américain», a déclaré le dirigeant mexicain dans ses remarques préliminaires, en présence de la presse.
En réponse, Joe Biden a alors expliqué que le gouvernement de son pays avait alloué «des dizaines de milliards de dollars» pour le développement du continent au cours des 15 dernières années, mais que cela ne pouvait se limiter à une seule région. «Malheureusement notre responsabilité ne s’arrête pas au continent américain. Elle existe aussi en Europe centrale, en Asie, en Afrique […] J’aimerais que nous n’ayons qu’une priorité, mais nous en avons plusieurs», a-t-il précisé.
La question migratoire en toile de fond
Au cœur des dissensions entre les deux pays qui partagent 3 150 km de frontière commune figure la question du renforcement de la sécurité, de la lutte contre le trafic de drogue et bien sûr, l’immigration irrégulière venue du centre et du sud des Amériques. Joe Biden s’était d’ailleurs rendu le 7 janvier à la frontière avec le Mexique où les migrants arrivent depuis plusieurs mois en nombre record.
Avec son homologue mexicain, ils sont convenus de mettre en placer une approche «innovante» face à l’immigration clandestine et ont promis de s’attaquer aux «racines» du phénomène dans les pays d’origine. Le président mexicain avait au préalable répété qu’il demanderait à Joseph Biden d’augmenter les investissements des Etats-Unis dans les pays d’origine des migrants qui traversent le Mexique pour tenter de gagner les Etats-Unis.
L’économie régionale est également au centre des enjeux du sommet des «trois amis». «Cher Président Biden, je suis certain que vous êtes un dirigeant humaniste et visionnaire et qu’il existe d’excellentes conditions pour démarrer une nouvelle politique d’intégration économique et sociale sur notre continent», a également déclaré le mandataire mexicain dans son discours rapporté par le quotidien mexicain La Jornada.
La même source relève qu’Amlo a souligné que l’accord commercial nord-américain s’était avéré un instrument précieux «pour consolider les processus de production» mais il a cependant déploré que «les ports du Pacifique [continuaient] de recevoir des navires remplis de marchandises en provenance d’Asie».
«La question que nous nous posons est la suivante : ne pourrions-nous pas produire en Amérique ce que nous consommons ? Bien sûr. C’est une question de définition et de planification commune de notre développement futur. S’unir et s’associer à l’Amérique équivaut à consolider la région», a insisté le président mexicain, selon le média national. «Cette intégration doit s’appuyer sur des investissements publics et privés pour le bien-être de tous les peuples des Amériques. Sans exclure personne», a-t-il encore souligné.
Rappelant la politique de bon voisinage de ce «titan de la liberté que fut Franklin Delano Roosevelt», Amlo a invité son interlocuteur à suivre ses traces, à en finir avec le «dédain», tout en témoignant sa confiance sur le fait qu’il pourrait être le bon dirigeant étasunien qui pourrait mener à bien «une nouvelle étape entre les peuples et les pays du continent basée sur le respect et l’entraide mutuels», rapporte encore La Jornada.
Andrés Manuel Lopez Obrador, réputé de centre-gauche, a l’habitude d’affirmer son propre style. Ainsi, ce vieux loup de la politique mexicaine n’hésite pas à tenir tête à Washington sur de nombreux dossiers. Il avait, par exemple, boycotté en juin 2022 le «Sommet des Amériques» à Los Angeles parce que les Etats-Unis excluaient certains pays comme Cuba, le Venezuela et le Nigaragua.
Il ne cesse également d’appeler à la libération de Julian Assange, journaliste persécuté par les Etats-Unis pour les révélations embarrassantes de WikiLeaks et à qui il veut accorder «la protection et l’asile» dans son pays alors que Washington réclame son extradition.
Le président du Mexique ne participera pas au «Sommet des Amériques» à Los Angeles