La mort à 91 ans de Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l'URSS, a suscité de nombreuses réactions, particulièrement en Occident. Vladimir Poutine a estimé qu'il a eu «une grande influence sur l'évolution de l'Histoire du monde».
La mort de Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l’Union soviétique, a suscité de très nombreuses réactions à travers le monde, et sa mémoire a été particulièrement saluée par les dirigeants occidentaux.
Il a guidé notre pays à travers une période de changements complexes et dramatiques, et de grands défis de politique étrangère, économiques et sociaux
Vladimir Poutine a exprimé à cette occasion «ses profondes condoléances» à la famille et aux proches de l’ancien dirigeant. «Mikhaïl Gorbatchev est un politicien et un homme d’Etat qui a eu une grande influence sur l’évolution de l’Histoire du monde», a salué le chef de l’Etat russe. «Il a guidé notre pays à travers une période de changements complexes et dramatiques, et de grands défis de politique étrangère, économiques et sociaux», a-t-il ajouté dans le télégramme de condoléances publié par le Kremlin le 31 août.
La Chine a également présenté ses condoléances à la famille de Mikhaïl Gorbatchev et salué le rôle du dernier dirigeant soviétique dans le rapprochement entre Pékin et Moscou, après trois décennies de rupture à partir de la fin des années 1950. «Mikhaïl Gorbatchev a contribué de manière positive à la normalisation des relations entre la Chine et l’Union soviétique», a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, faisant référence à sa visite à Pékin en mai 1989 pour sceller la normalisation avec le dirigeant chinois d’alors, Deng Xiaoping.
Déluge d’hommages occidentaux
En Occident, les hommages ont afflué, les dirigeants américains et européens saluant le rôle de Mikhaïl Gorbatchev dans la fin de la Guerre froide et son combat pour la paix. Dans un communiqué, le président américain Joe Biden a salué en Mikhaïl Gorbatchev un «leader rare».
Ses actes furent ceux d’un dirigeant ayant assez d’«imagination pour voir qu’un autre avenir était possible et le courage de risquer toute sa carrière pour y parvenir. Le résultat fut un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes», a déclaré le président démocrate. «L’histoire se souviendra de Mikhaïl Gorbatchev comme d’un géant qui a guidé sa grande nation vers la démocratie», a réagi l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, qui dirigea la diplomatie américaine de 1989 à 1992.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a salué la mémoire de l’ancien dirigeant soviétique, estimant que «sa vision d’un monde meilleur reste un exemple». «Les réformes historiques de Mikhaïl Gorbatchev ont conduit à la dissolution de l’Union soviétique, contribué à mettre fin à la Guerre froide et ouvert la possibilité d’un partenariat entre la Russie et l’OTAN», a-t-il déclaré sur Twitter, sans mentionner le fait que cette possibilité a été bien vite refermée.
Mikhail #Gorbachev’s historic reforms led to the dissolution of the Soviet Union, helped end the Cold War & opened the possibility of a partnership between #Russia & #NATO. His vision of a better world remains an example.
— Jens Stoltenberg (@jensstoltenberg) August 31, 2022
Pour le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, «le monde a perdu un immense dirigeant mondial, engagé envers le multilatéralisme, et défenseur infatigable de la paix». Le chef de l’ONU a salué, dans un communiqué, «un homme d’Etat unique qui a changé le cours de l’histoire» et fait «plus que n’importe qui pour provoquer de façon pacifique la fin de la Guerre froide».
Sur Twitter, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué «un dirigeant digne de confiance et respecté» qui «a joué un rôle crucial pour mettre fin à la Guerre froide et faire tomber le rideau de fer». «Il a ouvert la voie à une Europe libre», a-t-elle souligné.
Mikhail Gorbachev was a trusted and respected leader. He played a crucial role to end the Cold War and bring down the Iron Curtain. It opened the way for a free Europe.
This legacy is one we will not forget.
R.I.P Mikhail Gorbachev
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) August 30, 2022
«J’ai toujours admiré le courage et l’intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide», a souligné dans un tweet le Premier ministre britannique Boris Johnson. «A l’heure de l’agression de [Vladimir] Poutine en Ukraine, son engagement inlassable pour l’ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous», a-t-il insisté.
I'm saddened to hear of the death of Gorbachev.
I always admired the courage & integrity he showed in bringing the Cold War to a peaceful conclusion.
In a time of Putin’s aggression in Ukraine, his tireless commitment to opening up Soviet society remains an example to us all.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) August 30, 2022
Pour Emmanuel Macron, Mikhaïl Gorbatchev était un «homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes. Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune», a souligné le président français dans un tweet.
Mes condoléances pour la disparition de Mikhaïl Gorbatchev, homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes. Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 30, 2022
Plusieurs responsables allemands se sont exprimés après le décès de Mikhaïl Gorbatchev, à commencer par le président Frank-Walter Steinmeier, qui l’a remercié «pour sa contribution décisive à l’unité allemande». Selon Frank-Walter Steinmeier, Mikhaïl Gorbatchev a montré par ses actes qu’il était «un grand homme d’Etat» doté d’un «courage pour l’ouverture démocratique et la construction de ponts entre l’Est et l’Ouest» et la paix en Europe, a-t-il salué dans un communiqué. Ce rêve est «en ruine, brisé par l’attaque brutale de la Russie contre l’Ukraine», a-t-il ajouté.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a quant à lui qualifié Mikhaïl Gorbatchev de «réformateur courageux», décédé «à une époque où non seulement la démocratie a échoué en Russie, mais où la Russie et le président russe […] ont creusé de nouveaux fossés en Europe et ont lancé une terrible guerre contre un pays voisin, l’Ukraine».
«Il a montré par l’exemple comment un seul homme d’Etat peut changer le monde pour le mieux», a déclaré l’ancienne chancelière Angela Merkel. «Mikhaïl Gorbatchev a également changé ma vie de manière fondamentale. Je ne l’oublierai jamais», s’est émue l’ancienne dirigeante, qui a grandi en Allemagne de l’Est.
L’ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a pour sa part rendu hommage à «un champion de la démocratie» et à «un homme qui a changé l’histoire du XXe siècle». «Sa clairvoyance et son jugement serein nous manqueront, surtout dans ces heures difficiles de la politique internationale», a-t-il ajouté dans un message incluant une photo le montrant aux côtés de l’ancien dirigeant soviétique.
Se n’è andato un campione della democrazia.
Michail Gorbaciov è un uomo che ha cambiato la storia del 20° secolo.
La sua lungimiranza e la sua serenità di giudizio ci mancheranno soprattutto in questo difficile momento della politica internazionale. pic.twitter.com/lM7twx5oXz— Silvio Berlusconi (@berlusconi) August 30, 2022
Selon le président israélien Isaac Herzog, Mikhaïl Gorbatchev était «une des figures les plus extraordinaires du XXe siècle», ainsi qu’«un leader courageux et visionnaire, qui a façonné notre monde d’une manière que l’on pensait inimaginable».
Enfin, pour l’ancien président colombien et Nobel de la paix 2016, Juan Manuel Santos, Mikhaïl Gorbatchev – qui a lui-même reçu ce Nobel en 1990 – était «un champion de la paix». «Le monde a besoin de beaucoup plus de leaders comme lui», a-t-il écrit dans un tweet.
Les critiques de Mikhaïl Gorbatchev envers l’Occident reléguées à l’arrière-plan
Cette vague d’hommages n’est guère surprenante, la politique de libéralisation et d’ouverture menée par Mikhaïl Gorbatchev ayant été appréciée par les Occidentaux au point de susciter une véritable «gorbymania» entre 1987 et 1991.
Le dernier président de l’URSS s’était cependant montré plus critique à l’encontre de l’Occident dans la dernière partie de sa vie, pointant en décembre 2021 l’«arrogance» américaine qui a suivi la fin de la guerre froide. Selon lui, les Etats-Unis souhaitaient bâtir «un nouvel empire», politique qui s’est traduite par les élargissements successifs de l’OTAN en 1999, 2004, 2009 et 2017.
Critique du président Vladimir Poutine, allant jusqu’à demander que ce dernier quitte ses fonctions en 2011, il avait néanmoins soutenu le rattachement par voie référendaire de la Crimée à la Fédération de Russie en 2014. Le 26 février dernier, dans un communiqué, la fondation de Mikhaïl Gorbatchev avait appelé à une «cessation des hostilités» en Ukraine et à «des négociations de paix immédiates».
Décès de Mikhaïl Gorbatchev : un héritage politique qui divise