La bataille des législatives vire au pugilat judiciaire dans la capitale, Rachida Dati ayant mis en cause le député LREM Gilles Le Gendre dans des affaires de harcèlement. Ce dernier accuse en retour l'élue de dénonciation calomnieuse.
«Rachida Dati sort l’artillerie lourde», constate Le Parisien à propos de la bataille des législatives de juin 2022 dans les quartiers huppés de la capitale. Celle-ci a en effet tourné au pugilat judiciaire, après le signalement déposé le 30 mai par la chef de file de la droite parisienne à l’encontre du député La République en marche (LREM) Gilles Le Gendre pour «harcèlement moral et sexuel», ce qu’il a jugé être une manœuvre.
Révélé par Le Parisien et le Canard Enchaîné, le signalement mettant en cause le député macroniste – ancien président du groupe parlementaire LREM à l’Assemblée nationale de septembre 2018 à septembre 2020 – a été effectué au titre de l’article 40 du code pénal qui contraint toute autorité à dénoncer un délit ou crime dont elle aurait la connaissance. Il s’appuie sur un communiqué syndical de collaborateurs parlementaires de février 2020, qui avaient signalé des délits de harcèlement concernant au moins un député du groupe et qui dénoncé «les allégations mensongères» de Gilles Le Gendre. Celui-ci avait affirmé «ne pas avoir connaissance de cas précis de harcèlement moral et sexuel à l’Assemblée nationale». Pour l’ancienne ministre de la Justice, il pourrait s’agir d’une non-dénonciation de délit.
Rachida Dati affirme par ailleurs que Gilles Le Gendre a lui même fait l’objet de mises en causes publiques quant à des « comportements inappropriés» à l’égard d’au moins une collaboratrice parlementaire, fondant ses accusations sur un article de Mediapart publié le 25 mai 2022. Elle reprend, en outre, des propos de l’ex-député LREM Joachim Son-Forget sur Facebook le 28 mai, accusant Gilles Le Gendre d’être «soupçonné lui-même d’abus sexuels qui [lui] ont été rapportés directement par les victimes présumées». «Je connais tous les détails. J’ai des noms et des témoins», avait assuré l’ex-député de la majorité, qui a salué dans un message publié le 1er juin «le courage» de Rachida Dati.
Gilles Le Gendre enclenche des poursuites pour «dénonciation calomnieuse»
L’entourage de Gilles Le Gendre a d’abord dénoncé une «pure calomnie» et assimilé la démarche de Rachida Dati à de «basses manœuvres politicardes», rapporte Le Parisien. Le candidat s’est ensuite exprimé dans un communiqué : «A quelques jours d’une élection dans une circonscription dont je suis le député sortant, […] il est facile d’imaginer les motivations de cette témoin de moralité autoproclamée», a-t-il fustigé. L’ancien président du groupe parlementaire des Marcheurs, qui dit avoir déjà été confronté à ces rumeurs en interne avant d’en sortir blanchi, annonce avoir demandé à son avocat d’engager des poursuites «pour dénonciation calomnieuse contre celles et ceux qui y ont pris part».
Candidat à sa propre succession dans la 2e circonscription de la capitale, Gilles Le Gendre a pour principal concurrent Jean-Pierre Lecoq, maire LR du 6e arrondissement. La majorité présidentielle détient 14 des 18 circonscriptions parisiennes, dont seulement deux sont détenues par des députés LR.
Notes de frais et accusations de harcèlement : une députée macroniste au cœur d’une polémique