L'échec de la majorité macroniste aux législatives a été symbolisée par la défaite cuisante de plusieurs ministres, qui devront quitter le gouvernement. Cependant, d'autres ont réussi à se faire réélire, parfois de justesse.
Certains venaient juste de recevoir un portefeuille, d’autres avaient déjà assumé des fonctions au cours du précédent quinquennat d’Emmanuel Macron : 15 membres du gouvernement constitué par Elisabeth Borne le 20 mai se sont présentés aux élections législatives, avec quelques défaites retentissantes mais aussi des réélections.
Plusieurs défaites significatives pour la majorité
Trois ministres, Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Benin (Mer) ont ainsi mordu la poussière et devront quitter leur poste, conformément à la règle fixée par Emmanuel Macron : la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire (elle-même largement réélue) a annoncé le 20 juin qu’un remaniement aurait lieu «dans les prochains jours».
Battue avec environ 47% des voix dans la 6e circonscription de l’Essonne par le socialiste Jérôme Guedj, Amélie de Montchalin avait récupéré un très large périmètre recouvrant «la transition écologique et la cohésion des territoires» : elle devra donc plier bagage un mois tout juste après avoir pris ses fonctions. Précédemment en charge de la fonction publique dans le gouvernement de Jean Castex, elle avait tenté de justifier le recours aux cabinets de conseils privés et de déminer l’affaire McKinsey surgie au cours de l’élection présidentielle. Sa collègue Agnès Pannier-Runacher, en charge de la Transition énergétique, avait elle choisi de ne pas se présenter.
Parmi les figures importantes du gouvernement, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon a été battue dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais par la candidate du Rassemblement national (RN), Christine Engrand, par un très faible écart (49,94% contre 50,06%). Brigitte Bourguignon, précédemment ministre déléguée à l’Autonomie, avait pris le relais d’Olivier Véran, en première ligne pendant la crise sanitaire et les débats tendus autour des différentes restrictions. Ce dernier, désormais chargé des relations avec le Parlement, a été réélu dans l’Isère face à une candidate de la Nupes, avec environ 58% des voix.
Justine Bénin, secrétaire d’Etat à la Mer, n’est pas parvenue non plus à convaincre les électeurs dans la 2e circonscription de Guadeloupe dont elle était députée depuis 2017, et a été battue largement par le candidat de la Nupes, Christian Baptiste. Au sein du gouvernement, seul Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, représente désormais le Mouvement démocrate de François Bayrou au sein de la majorité.
Au-delà des ministres et secrétaires d’Etat, plusieurs figures centrales de la macronie ont essuyé des revers, dont le président sortant de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, le président du groupe LREM Christophe Castaner ou encore son homologue du Modem, Patrick Mignola.
Les ministres réélus
En dépit des accusations de viol à son égard, Damien Abad, récemment rallié à la majorité après avoir été président du groupe Les Républicains à l’Assemblée, a été réélu dans l’Ain avec près de 58% des suffrages. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, au cœur de la polémique relative au chaos survenu au Stade de France fin mai, a été réélu dans sa circonscription de Tourcoing, dans le Nord, avec un score similaire. L’ancien porte-parole du gouvernement et actuel ministre délégué chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, s’est lui imposé dans les Hauts-de-Seine avec près de 60% des voix.
Clément Beaune, en charge des Affaires européennes, l’a emporté de justesse à Paris face à l’avocate Caroline Mécary (Nupes). Stanislas Guérini, délégué général de La République en Marche et ministre en charge de la Fonction publique, a également surmonté l’épreuve des urnes dans la 3e circonscription de Paris. Parmi les autres victoires dont peut se satisfaire la majorité, le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui devra gérer le dossier de la réforme des retraites, a été aisément réélu avec près de 59 % des voix dans la 2e circonscription de l’Ardèche.
De la même manière, Yaël Braun-Pivet, ancienne présidente de la commission des Lois et désormais ministre des Outre-mer, l’a emporté largement dans la 5e circonscription des Yvelines avec plus de 64% des voix. Elle avait aussi présidé la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla durant l’été 2018. En charge du Commerce extérieur, Franck Riester est arrivé premier dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne avec plus de 53% des voix, devant le candidat RN, sur fond d’une poussée très significative de ce parti.
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