L'administration Biden a estimé qu'il serait contre-productif, en l'état actuel, de qualifier la Russie d’«Etat sponsorisant le terrorisme». La Maison Blanche rejette ainsi les appels en ce sens en provenance de Kiev et de parlementaires américains.
Désigner la Russie comme un «Etat sponsorisant le terrorisme» serait contre-productif en l’état actuel, a estimé l’administration présidentielle américaine le 6 septembre. La Maison-Blanche rejette ainsi ce qualificatif malgré les demandes de Kiev et de certains membres du Congrès des Etats-Unis.
La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a notamment précisé que cela pourrait nuire aux efforts pour faire parvenir l’aide humanitaire à l’Ukraine. Une telle qualification pourrait également «saper» la coalition «sans précédent qui a été si efficace pour exiger des comptes» au président russe Vladimir Poutine «et notre capacité à soutenir l’Ukraine» dans les négociations, a-t-elle ajouté.
Interrogé la veille à ce sujet, le président américain Joe Biden avait lâché un «non» laconique, rompant des mois de tergiversations américaines, au moins publiquement. Lorsqu’il a été demandé à Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche, d’expliciter la réponse du président Biden, celle-ci a affirmé qu’une telle qualification «n’était pas le moyen le plus efficace ni le plus fort pour exiger que la Russie rende des comptes» pour son intervention en Ukraine.
Comme le rapporte l’agence Tass, le Kremlin avait accueilli positivement ce refus. «La formulation même de la question est monstrueuse. Et, éviemment, c’est bien que le président américain ait répondu de cette manière», avait déclaré le porte-parole du Kremlin dans une interview au Chaîne de télévision RBC.
Une exigence de Volodymyr Zelensky
Être ajoutée à la liste du Département d’Etat américain des nations «soutenant le terrorisme» a de vastes conséquences. Celles-ci exposent à des poursuites pénales non seulement les entreprises américaines en relation avec ces pays, mais également toutes les entreprises étrangères faisant à la fois des affaires avec eux et les Etats-Unis.
Fin juin le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait exigé que la Russie soit reconnue comme «Etat parrain du terrorisme». Une exigence formulée au lendemain d’une opération militaire dans la ville ukrainienne de Krementchouk. Alors que Kiev et les pays occidentaux ont condamné d’une seule voix un «crime de guerre» attribué à Moscou – dont l’intervention aurait fait 18 morts selon les autorités ukrainiennes –, la Russie assure avoir frappé un dépôt d’armes occidentales, ce qui aurait provoqué un incendie dans un centre commercial «non fonctionnel», selon Moscou.
Pour leur part, des parlementaires américains, dont Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, ont plaidé pour une telle qualification afin d’augmenter la pression sur Moscou plus de six mois après le début de son intervention en Ukraine.
Mi-août, le Parlement letton avait qualifié la Russie d’«Etat soutenant le terrorisme», dont les actes en Ukraine constituent à ses yeux un «génocide ciblé contre le peuple ukrainien», dans une déclaration immédiatement saluée par Kiev et dénoncée par Moscou.
Seuls quatre pays dans le monde sont actuellement désignés par les Etats-Unis comme Etat soutenant le terrorisme : l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord et Cuba. Ont également figuré sur cette liste le Yémen du Sud, la Libye ainsi que l’Irak, pays depuis dévastés par des guerres de l’OTAN ou d’autres alliés des Etats-Unis.
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